Les abolitionnistes arabes s’organisent
Journée mondiale
Ces derniers temps, les abolitionnistes du monde arabe se sont davantage mobilisés et ont renforcé la coordination de leurs efforts, grâce, notamment à l’action de l’ONG internationale Penal Reform International, membre de la Coalition mondiale contre la peine de mort.
Réunis à Amman (Jordanie) en juillet, les représentants de huit pays arabes ont créé une Coalition régionale et ont élaboré une stratégie commune pour l’abolition de la peine de mort.
Cette conférence, organisée par Penal Refom International (PRI) et le Centre d’Amman pour l’étude des droits de l’homme (ACHaRS) a réuni des magistrats, des journalistes, des ONG ainsi que des représentants des cultes musulman et chrétien, venus d’Algérie, d’Égypte, de Jordanie, du Liban, du Maroc, de Palestine, de Tunisie et du Yémen.
Ensemble, ils ont échangé des informations sur la situation relative à la peine de mort dans leurs pays respectifs et ont proposé des actions.
La déclaration finale de la conférence a officialisé la naissance de la Coalition régionale contre la peine de mort dont les membres fondateurs sont l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine et le Yémen.
Les principaux objectifs de la Coalition régionale sont les suivants :
• favoriser l’adhésion de nouveaux membres en invitant d’autres pays arabes à lutter contre la peine de mort (…) ;
• créer un observatoire arabe de la peine de mort qui sera supervisé par le bureau de PRI à Amman et l’ACHRS ;
• encourager la diffusion des expériences et des bonnes pratiques entre les coalitions nationales ;
• promouvoir la recherche et l’étude des alternatives à la peine capitale.
Mona Chamass, actuellement chargée de recherche sur les pays arabes abolitionnistes pour la Coalition mondiale contre la peine de mort, était présente à la conférence. « Les discussions étaient très ouvertes et tous les participants ont eu l’opportunité d’exprimer leurs idées et les spécificités culturelles propres à leur pays », a-t-elle indiqué par la suite.
Deux types de situations, deux stratégies
La Coalition régionale aura pour première mission de renforcer les coalitions nationales. Ces dernières peuvent exercer une pression sur leurs gouvernements pour obtenir des modifications législatives dans deux directions : abolir la peine de mort dès que possible, et réduire sont utilisation au minimum lorsque les conditions de l’abolition de sont pas encore réunies.
Un certain nombre d’études, présentées lors de la conférence régionale et lors de rencontres nationales, seront publiées par PRI cet automne.
A Amman, les coalitions nationales présentes ont adoptée une stratégie à plusieurs volets. Leur action va se concentrer sur les pays qui observent un moratoire depuis plusiers années et ont affiché une volonté d’avancer vers l’abolition.
Dans les pays moins préparés, les abolitionnistes soutiendront des réformes qui réduisent l’utilisation de la peine de mort. La Charia a été évoquée comme un moyen efficace de réduire les cas d’utilisation de la peine capitale à seulement quatre.
La conférence a révélé que le mouvement abolitionniste, souvent considéré comme embryonnaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, est en fait en plein développement. Si dans certains pays comme le Maroc, les associations abolitionnistes se sont déjà constituées en réseaux, d’autres n’ont été créées que récemment dans le cadre du projet de PRI financé par l’Union européenne sur la peine de mort au Moyen-Orient.
En Égypte et au Yémen, une conférence nationale contre la peine de mort s’est tenue au mois de juin dernier.
Les abolitionnistes tunisiens ont également fondé une coalition nationale il y a quelques semaines sous l’égide d’Amnesty International.
Les initiatives de la Coalition mondiale et de la nouvelle Coalition arabe pour célébrer la Journée mondiale contre la peine de mort le 10 octobre prochain permettront à cette communauté régionale enthousiaste de travailler main dans la main et de consolider les nouveaux liens tissés.
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