La Commission Africaine exhorte Kadhafi à sauver des condamnés Nigérians

Afrique

le 20 septembre 2009

La Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples a appelé le leader libyen Mouammar Kadhafi (photo) à "suspendre l’application de la peine de mort" à une vingtaine de Nigérians condamnés à mort en Libye.
La Commission, un organe créé par l’Union africaine pour veiller à l’application de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, a ainsi répondu à la plainte de l’ONG nigériane Socio-Economic Rights and Accountability Project (SERAP) dans une mesure provisoire signée le 9 septembre 2009.
"Je demande à notre frère le Guide d’intervenir dans cette affaire afin d’éviter qu’un dommage irréparable ne soit causé aux victimes pendant que la Commission africaine enquête sur la véracité de la plainte. Cet appel s’applique tout particulièrement aux Nigérians emprisonnés qui, selon le plaignant, sont en attente d’une peine de mort", a écrit à Kadhafi le président par intérim de la Commission, Bahame Tom Mukirya Nyanduga.
Il a ajouté que la Commission examinerait l’affaire en détail lors de sa prochaine session en novembre et rappelé sa récente résolution appelant à un moratoire sur les exécutions.

"La Libye devrait montrer l’exemple"

Femi Falana, l’avocat qui a déposé plainte au nom de SERAP, a salué la mesure provisoire de la Commission. "En tant que président en exercice de l’Union africaine, la Libye devrait prendre l’initiative et montrer l’exemple en prenant des mesures pour appliquer immédiatement et complètement la décision qui lui enjoint de stopper l’exécution des Nigérians condamnés à mort et de respecter les résolutions sur le moratoire adoptées par la Commission africaine et l’Assemblée générale des Nations unies", a-t-il déclaré à des médias africains.
Dans sa plainte, Falana a mis en cause le traitement des Nigérians condamnés à mort en Libye pour trafic de drogue, meurtre ou encore vol à main armée. Il s’inquiète tout particulièrement de leur accès à un procès juste et équitable tel que garanti par la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.
Abike Dabiri-Erewa, un membre de la Chambre des Représentants du Nigeria, a également joué un rôle-clé dans la prise en compte des condamnés nigérians en Libye. Selon la commission parlementaire sur la diaspora, qu’il préside, la Libye a condamné au total 200 Nigérians à la peine de mort et en a exécuté 40. Dabiri-Erewa a regretté que le gouvernement nigérian ne fasse pas plus pour les aider.
De nombreux migrants venus du Nigeria et d’autres pays d’Afrique sub-saharienne sont dans les couloirs de la mort d’Afrique du Nord et d’Asie, pour la plupart sans assistance ni attention de la part de leur pays d’origine.
Soucieux d’améliorer son image internationale, Kadhafi avait libéré en 2007 cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien condamnés à mort en Libye à la suite d’une campagne menée par les autorités et les militants européens.[

Mise à jour du 2 Octobre : dans son intervention lors d’un événement parallèle à l’Assemblée générale de l’Onu à New York le 25 septembre,Catherine Dupe Atoki, membre de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, a annoncé que la Libye avait accepté la requête de la Commission. “La Commission a requis de la part du président de la Libye une mesure provisoire pour suspendre l’exécution en attendant une décision”, peut-on lire dans son communiqué.“Heureusement, le président a approuvé, et il y a pour l’instant une mise en attente de l’exécution des personnes concernées.”/fr][en]The African Commission on Human and Peoples’ Rights has called on Libyan leader Muammar Gaddafi  (photo) to “suspend the carrying out of the death penalty” in the cases of around 20 Nigerian nationals sentenced to death in Libya.
The Commission, which is the African Union-derived body in charge of enforcing the African Charter on Human and Peoples’ Rights, responded to a complaint by the Nigerian NGO Socio-Economic Rights and Accountability Project (SERAP) in a provisional measure signed on September 9, 2009.
“I request Brother Leader to intervene in the matter with the view of preventing irreparable damage being caused to the victims while the African Commission inquires about the veracity of the Complaint. The appeal is particularly pertinent in respect of the imprisoned Nigerians, whom the Complainant alleges that they await the death penalty,” Bahame Tom Mukirya Nyanduga, the acting chairperson of the Commission, wrote to Gaddafi.
He added that the Commission would examine the matter in detail during its next session in November and pointed to its recent resolution calling for a moratorium on executions.

“Libya should show leadership and good example”

Femi Falana , the lawyer who filed the complaint on behalf of SERAP, welcomed the Commission’s provisional measure. “As the current Chair of the African Union, Libya should now show leadership and good example by taking steps to immediately and fully implement the decision requiring it to stop the execution of the Nigerians on death row, and to uphold the resolutions on moratorium on executions adopted by both the African Commission and the UN General Assembly,” he told African media.
In his complaint, Falana questioned the treatment of Nigerian nationals sentenced to death in Libya for crimes such as drug trafficking, murder and armed robbery. He especially doubts they had access to a fair trial as guaranteed by the African Charter on Human and People’s rights.
Abike Dabiri-Erewa, a member of Nigeria’s House of Representatives, has also been intrumental  in bringing the fate of Nigerian death row inmates in Libya to attention. According to the House Committee on the Diaspora, which he chairs, a total of 200 Nigerians have been sentenced to death in Libya and 40 of them have been executed. Dabiri-Erewa complained that the Nigerian government did not do enough to help them.
Many migrants from Nigeria and other Sub-Saharan countries are on death row in North Africa and in Asia, most of them without assistance or attention from their home country.
Amid efforts to improve his international image, Gaddafi released a group of Bulgarian medics sentenced to death in Libya in the wake of a campaign led by European authorities and activists in 2007.

October 2nd update: in her submission to a side event to the UN General Assembly in New York on September 25, Catherine Dupe Atoki, a commissioner of the African Commission on Human and People’s rights, said that Libya had accepted the Commission’s request. “The Commission requested from the president of Libya a provisional measure to stay execution pending the determination of the communication,” her paper read. “Happily, the President obliged and for now there is a hold on the execution of the convicted persons.”[/en]"

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