Journée mondiale 2009 : des événements éducatifs tout autour de la terre
Journée mondiale
Parmi ces actions, qui avaient pour objectif commun d’« enseigner l’abolition » (le thème retenu pour la Journée mondiale 2009), l’Alliance taïwanaise pour mettre fin à la peine de mort (TAEDP) a organisé un atelier de quatre jours pour permettre aux enseignants et aux militants de faire connaissance. Ensemble, ils ont travaillé à la rédaction d’une version taïwanaise du guide pédagogique élaboré par la Coalition mondiale, qu’ils souhaitent publier en décembre.
Plusieurs organisations liées à l’enseignement, comme l’organisme public Human Rights Education Curriculum and Instruction Team, ont participé à la rédaction. « Même si nous ne collaborons pas directement avec le ministère de l’éducation, nous avons réussi à établir certaines connexions avec l’éducation nationale », a déclaré le directeur de TAEDP, Lin Hsin-Yi. L’atelier a suscité l’intérêt de la presse taïwanaise sino- et anglophone après la conférence de presse d’ouverture.
De nombreuses organisations à travers le monde ont ainsi choisi d’adapter le matériel pédagogique fourni par la Coalition mondiale à leur public, en s’inspirant de situations locales et en tenant compte des priorités constatées sur le terrain. Par exemple, le groupe américain Advocates for Human Rights a effectué une synthèse de plusieurs articles de droit international et de témoignages pour créer une « trousse à outils » contenant des informations, des récits et du matériel pédagogique destinée à sensibiliser les étudiants et les adultes à la réalité de la peine de mort.
Séminaires à Houston
Aux États-Unis, la Texas Coalition to Abolish the Death Penalty a organisé sa deuxième session de séminaires à l’université Saint Thomas. Des militants ont été formés pour enseigner, dans leur communauté, certaines notions importantes relatives à l’abolition, que ce soit au cours de réunions ou dans le cadre d’associations culturelles, religieuses ou d’établissements éducatifs. Citant le cas de Todd Willingham, un avocat leur a expliqué que certaines erreurs graves commises par les autorités judiciaires peuvent aboutir à des condamnations et des exécutions injustifiées.
À Kinshasa (République démocratique du Congo), l’ONG locale Culture pour la Paix et la Justice a informé plus de 40 enseignants et étudiants sur les différentes façons de s’adresser à des écoliers et des étudiants pour leur inculquer des valeurs abolitionnistes. Cette réunion (photo) a également permis à la Coalition Africaine des Grands Lacs de tenir sa première assemblée générale et de lancer son site web.
Action diplomatique
La date du 10 octobre ayant été retenue par les institutions européennes pour célébrer la Journée européenne contre la peine de mort, les diplomates européens ont choisi Washington (la capitale de l’une des dernières démocraties à praocéder à des exécutions) pour s’exprimer à ce sujet : « Les erreurs de justice sont inévitables dans tout système pénal, mais ce type d’erreur, qui conduit à la peine de mort, est irréversible » a déclaré John Bruton, ambassadeur de l’Union européenne aux États-Unis, selon des propos recueillis par le Christian Science Monitor.
De son côté, le Conseil de l’Europe a demandé à des spécialistes de réfléchir aux peines alternatives et a invité le public à en débattre sur Twitter.
Rassemblements et manifestations de l’Australie à Paris
Cette Journée mondiale contre la peine de mort a également été l’occasion de manifestations et de rassemblements plus traditionnels, souvent à l’initiative de groupes de soutien à des détenus condamnés à mort. Devant une foule de 2 000 personnes réunie à Melbourne, l’avocat Julian McMahon déclarait : « Toute exécution est un acte de violence prémédité, ritualisé et autorisé par un gouvernement placé à la tête d’une société brutale » (selon Sky News). McMahon défend deux des trois Australiens condamnés à mort pour trafic de stupéfiants.
En Inde, Lawyers for Human Rights International (LHRI) a lancé une pétition réclamant l’amnistie pour Devender Pal Singh Bhullar, condamné à mort en 2001 et détenu dans le couloir de la mort depuis. LHRI a choisi de sensibiliser l’opinion au cas de Bhullar car il a été condamné pour terrorisme à l’issue d’un procès entaché d’erreurs. Sa demande d’amnistie présentée au président indien il y a six ans est toujours en suspens.
Des artistes dénoncent la cruauté de la peine capitale
La Journée mondiale 2009 a également été marquée par de nombreux événements culturels. Le peintre belge Patrik Vermeulen a exposé une série de tableaux intitulée « Violation du serment d’Hippocrate ? » à Lokeren (Belgique). Ses tableaux glaçants nous amènent à nous interroger sur l’intervention et l’utilisation de personnel et de matériel médical pour les exécutions réalisées aux États-Unis ; ils seront également exposés à Looz (Belgique) à partir du 14 novembre.
À Londres, l’artiste Robert Priseman s’est joint à des militants pour publier un livre intitulé « No Human Way to Kill » (Aucune manière humaine de tuer). Dans ce livre, les gravures de Priseman dépeignent des chambres d’exécution ; y sont également présentés des essais écrits par des condamnés à mort, des membres du personnel pénitentiaire, les parents de personnes assassinées, et des militants pour l’abolition. La sortie du livre était couplée avec une exposition des gravures de Priseman.
Cathy Harrington, dont la fille a été assassinée, était à Paris le 10 octobre pour le lancement de la version française de No Human Way to Kill, livre auquel elle a contribué.
« Kids Against the Death Penalty »
En marge de ces événements, et bien d’autres, coordonnés par plusieurs organisations nationales et internationales, des groupes et des personnes de la société civile ont aussi participé à la Journée mondiale contre la peine de mort à leur propre niveau, que ce soit en soutenant l’abolition sur leur page Facebook ou en faisant signer des pétitions dans leur ville. La pétition de la Coalition contre l’exécution des mineurs peut d’ailleurs être signée jusqu’au 20 novembre.
Au Texas, un groupe d’adolescents réunis sous le nom de Kids Against the Death Penalty (Les enfants contre la peine de mort), a illustré le thème de l’éducation retenu pour cette Journée mondiale contre la peine de mort dans une vidéo-amateur postée sur YouTube (visionner la vidéo ci-dessous).
Pour d’autres, l’accent mis par cette 7ème Journée sur l’éducation d’une part, et l’exécution des mineurs d’autre part, n’étaient que la consécration du combat qu’ils mènent depuis longtemps. Anthony Mungin, qui se trouve dans le couloir de la mort en Floride et entretient une correspondance régulière avec des adolescents de quartiers défavorisés déclarait à ce propos : « Je peux aider ces jeunes à comprendre comment de mauvaises décisions peuvent les mener sur le chemin de la prison. Je sais que je peux les influencer et les encourager à faire de meilleurs choix et à poursuivre leur scolarité. Je peux utiliser mes erreurs passées comme exemple. Condamner des mineurs à la peine de mort et les exécuter est un acte d’une barbarie extrême ».[/fr][en]Among the actions taken to “Teach abolition”, the aim of the 2009 World Day, the Taiwan Alliance to End the Death Penalty (TAEDP) organised a four-day workshop to help teachers and activists get to know each other (photo). Together, they worked on a Taiwanese version of the World Coalition’s educational guide, which they aim to publish in December.
Various educational organisations took part, including the government-sponsored Human Rights Education Curriculum and Instruction Team. Thus, “although we do not directly cooperate with the Ministry of Education, we do find some connection with the formal education system”, said TAEDP’s executive director Lin Hsin-Yi. A press conference at the opening of the workshop attracted coverage across Taiwan’s Chinese- and English-language media.
Many organisations across the world took similar steps to adapt the World Coalition’s educational material to local needs, drawing from local examples and priorities. For example, the US-based group Advocates for Human Rights mixed international law and American testimonies to produce a toolkit that provides information, stories and teaching materials designed to educate students and adults about the reality of the death penalty.
Houston “teach-in”
In the United States, the Texas Coalition to Abolish the Death Penalty held its second “teach-in” at the University of St Thomas. Activists received training into educating members of their communities about abolition through the channels of congregations, civic clubs and educational institutions. An attorney explained to them how serious mistakes in the criminal justice system can lead to people being wrongfully convicted and executed, citing the Todd Willingham case.
In Kinshasa, DR Congo, too, local NGO Culture pour la Paix et la Justice briefed more than 40 teachers and students on how to approach schoolchildren and educate them to abolitionist values. The gathering (photo) was also an opportunity for the African Great Lakes Coalition to held its first general assembly and launch its website.
Diplomatic action
As European institutions have declared October 10 the European Day Against the Death Penalty, EU diplomats also raised their voice against capital punishment from Washington, the capital of one of the last democracies to carry out executions. “Miscarriages of justice are inevitable in any legal system, and any miscarriage of justice that results in the death penalty is irreversible,” said John Bruton, the EU’s ambassador to the US, according to the Christian Science Monitor.
The Council of Europe, for its part, called on experts to discuss alternative punishments to the death penalty and invited the public to discuss the issue with them on Twitter.
Rallies and marches from Australia to Paris