L’Espagne et les universitaires du monde s’unissent contre la peine de mort
Plaidoyer
Ouvrant le Colloque international pour l’abolition universelle de la peine de mort à Madrid le 9 décembre 2009, le président du gouvernement espagnol José Luis Rodríguez Zapatero a annoncé que l’Espagne s’engageait pour obtenir un moratoire mondial sur la peine de mort d’ici 2015.
Il a également déclaré devant les 40 experts des droits de l’Homme et de la peine de mort présents que la présidence espagnole du Conseil de l’UE de 2010 proposerait des mesures d’assistance judiciaire et diplomatique pour tout citoyen européen risquant la peine de mort partout dans le monde.
Il a également annoncé qu’une Commission international contre la peine de mort verrait le jour au second semestre 2010. Elle comprendra des personnalités du monde entier et demandera "l’interdiction universelle, immédiate et définitive" de la peine de mort pour les mineurs, les femmes enceintes et les malades mentaux.
Zapatero a affirmé dans son discours que les droits de l’Homme sont "universels" et que leur violation ne peut être permise "nulle part dans le monde".
Le Bénin, "exemple pour l’Afrique"
Le ministre de la justice Francisco Camaño, le médiateur Enrique Múgica et le juge Baltasar Garzón ont tous assistés à l’événement, de même que le président béninois Thomas Yayi Boni. Son gouvernement vient de soutenir une réforme constitutionnelle pour l’abolition de la peine de mort.
Yayi a promis son soutien au dirigeant espagnol dans son initiative pour l’abolition universelle de la peine capitale et a exprimé son "admiration pour cet objectif", qu’il a décrit comme une "grande affirmation en faveur de la dignité humaine".
Zapatero a quant à lui qualifié le Bénin d’"exemple pour l’Afrique".
Lancement d’un réseau universitaire
Les conférences organisées dans le cadre du colloque ont attiré des chercheurs et experts en droit de haut niveau venus du monde entier.
Sylvia Steiner, de la Cour pénale internationale, et Nigel Rodley, du Comité des droits de l’Homme de l’ONU, ont analysé le processus abolitionniste dans l’histoire européenne.
Sergio García Ramírez, de la Cour inter-américaine des droits de l’Homme, a adopté une position tranchée : "La peine de mort n’est acceptable dans aucune démocratie." Cependant, Peter Hodgkinson, directeur du Centre d’études sur la peine capitale, a affirmé que les abolitionnistes devaient proposer "de vraies alternatives" aux pays rétentionnistes pour les faire changer de position.
La juge française Simone Rozès, présidente honoraire de la Société internationale de défense sociale, a annoncé la création d’un Réseau universitaire pour l’abolition de la peine de mort, avec le soutien du gouvernement espagnol. Le réseau, initié par l’Institut de droit pénal de l’Université de Castilla-la-Mancha, coordonnera les efforts des chercheurs les plus renommés dans le champ de la peine de mort pour construire des stratégies abolitionnistes viables.
Les participants ont reconnu le besoin de stratégies différentes selon les contextes. Sur cette base, le réseau va analyser et réfuter les arguments rétentionnistes à l’aide de recherches empiriques rigoureuses en vue de renforcer l’abolitionnisme.
"Il est nécessaire de construire des stratégies différenciées pour un seul but : l’abolition de la peine de mort", a conclu José Luis Guzmán Dálbora de l’Université du Chili.