Le Liberia appelé à ne pas reprendre les executions
Protocole
Bien qu’aucune exécution n’ait eu lieu au Liberia depuis 2000, le pays a récemment rétabli la peine capitale et envoyé trois personnes dans le couloir de la mort. Deux d’entre elles ont failli être exécutées le mois dernier.
« Le 19 mars 2010, Hans Williams et Madea Paykue ont été condamnés à mort par un tribunal de Monrovia pour le meurtre d’Angel Tokpa, 13 ans, en 2007 », indique la Coalition mondiale dans son rapport au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. « Leur pendaison publique était prévue le 26 mars 2010 sur une plage de Monrovia. La cour a décidé que la pendaison serait publique et que les corps resteraient suspendus jusqu’à 18 heures. Un recours devant la Cour suprême du Liberia a suspendu cette exécution », ajoute le rapport.
Le Conseil des droits de l’Homme examinera la situation du Liberia dans le cadre de l’Examen périodique universel en novembre 2010.
Promesse présidentielle
Toute exécution au Liberia violerait la promesse faite en décembre 2008 par la président Ellen Johnson-Sirleaf à Speedy Rice, trésorier de la Coalition mondiale, et à Anthony Valcke de l’Association des barreaux américains, selon laquelle elle ne signerait aucun arrêté d’exécution.
Rice a rappelé cet engagement à Johnson-Sirleaf dans un lettre écrite au nom de la Coalition mondiale le 23 mars.
L’utilisation de la peine de mort est également incompatible avec les obligations du Liberia en matière de droit international.
Le 16 juillet 2008, alors que l’opinion protestait contre une vague de crimes violents, le Sénat libérien a adopté une loi punissant de mort le vol à main armée, le terrorisme et le détournement de véhicules s’ils conduisent au décès de la victime. Pourtant, le Liberia avait accédé au Protocole de l’ONU sur l’abolition de la peine de mort en 2005. Ce traité interdit explicitement les exécutions (« Aucune personne relevant de la juridiction d’un Etat partie au présent Protocole ne sera exécutée », art . 1er) et interdit tout rétablissement de la peine de mort.
« L’ancien ministre de la Justice a publié un avis juridique selon lequel, bien que le Liberia ait accédé au Protocle, le parlement libérien ne l’a pas ratifié comme requis par la constitution libérienne. Il n’a donc pas force de loi au niveau national. Son avis reconnaît l’existence d’un engagement international, mais cet engagement ne peut s’appliquer à la législation interne », rapporte Rice.
Le rapport au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU affirme que « la Coalition mondiale est profondément préoccupée par le rétablissement de la peine de mort et la possibilité d’une reprise prochaine des exécutions au Liberia, ce qui constituerait une violation de ses engagements internationaux ».
Redonner au Liberia son statut de leader abolitionniste
La Coalition mondiale travaille en étroite collaboration avec des ONG libériennes, les autorités nationales et des partenaires du Liberia tels que l’Union européenne pour obtenir la commutation des condamnations à mort en peines de prisons en attendant le retour de l’abolition de la peine capitale.
« A une époque, le Liberia se posait en leader de l’abolition de la peine de mort en Afrique », a écrit Rice à Johnson-Sirleaf. « Comment reprendre ces traces afin que le Liberia reprenne sa marche dans la tendance mondiale vers l’abolition ? »
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