L’AG de la Coalition mondiale appelle les USA à rejoindre la majorité abolitionniste

Journée mondiale

le 22 juin 2010

L’organisation Death Penalty Focus (DPF), basée à San Francisco, a co-organisé une conférence publique gratuite d’une journée à la faculté de droit Hastings de l’Université de Californie. DPF est membre du comité de pilotage de la Coalition mondiale. Cette réunion a également permis la tenue de l’assemblée générale des membres de la Coalition mondiale.
Shauna Marshall, doyenne de Hastings, et le Sénateur Mark Leno, qui a présenté le paysage politique Californien du point de vue des réformes possibles, ont accueilli près de 200 participants.
Mike Farrell, président de DPF, a présidé la première séance plénière, sur le thème « La peine de mort à la croisée des chemins – l’abolition aux Etats-Unis dans le contexte d’une stratégie mondiale ». Farrell a planté le décor pour le week-end en lançant le débat sur la troublante « exception américaine » quant aux droits de l’Homme et à la peine de mort.
Hadar Aviram, professeur de droit associé à Hastings, Hsinyi Lin, directrice de l’Alliance taïwanaise pour mettre fin à la peine de mort, Mario Marazziti, porte-parole de la Communauté de Sant’Egidio et Elizabeth Zitrin, coordinatrice des relations extérieures de DPF, ont participé à la discussion.
La session de clôture a porté sur la « latinisation du couloir de la mort et les questions d’inéquité raciale, avec le Professeur Michael Radelet de l’Université du Colorado à Boulder et le vétéran de l’action abolitionniste Magdaleno Rose-Avila, sous la conduite de Denise Serrano de l’Union américaine pour les libertés civiques de San Diego.
« La réunion de la Coalition mondiale contre la peine de mort était un événement historique qui a rassemblé des opposants à la peine de mort venus du monde entier », a constaté Elizabeth Zitrin, qui préside le groupe de travail de la Coalition mondiale sur les Etats-Unis. « La conférence a permis aux abolitionnistes américains d’apprendre des militants venus d’ailleurs et de partager des stratégies pour aboutir à l’abolition au niveau mondial. »

« Nous tuons des gens parce que nous les haïssons »

L’événement comprenait également des discussions animées par des parents de victimes, d’anciens condamnés à mort innocentés et de membres de l’appareil judiciaire opposés à la peine de mort.
John Burton, président du Parti démocrate de Californie, a fait le point sur l’adoption récente par son parti d’un programme opposé à la peine de mort qui considère la perpétuité réelle comme meilleure alternative pour assurer la sécurité et la santé fiscale de la Californie.
Darryl Stallworth, ancien procureur du Comté d’Almeda opposé à la peine de mort, a évoqué l’expérience qui l’a mené à recourir la peine capitale et les difficultés à plaider pour la mort d’un autre être humain.
« J’ai du en faire un monstre », a expliqué Stallworth. « J’ai du le déshumaniser. En réalité, nous tuons des gens parce que nous les haïssons. Nous ne le faisons pas parce que cela dissuade le crime : ce n’est pas le cas. Nous ne le faisons pas pour aider les familles de victimes non plus : ce n’est pas le cas. En fait, cela aggrave souvent leur situation. »
Randy Steidl, qui a été condamné à mort à tort pour meurtre et a passé 17 ans dans le couloir de la mort avant d’être innocenté, a raconté son histoire pour montrer comment un innocent pouvait être condamné.
« Sans des ressources extérieures, comme les étudiants et les médias, je serais mort aujourd’hui », a-t-il affirmé. « Voilà le pouvoir dont dispose le système. »
La Coalition mondiale comporte 108 organisations membres dans 35 pays sur les cinq continents, qui s’engagent toutes pour l’abolition universelle de la peine de mort. Selon Zitrin, la Coalition mondiale a joué un rôle-clé pour pousser les Nations-Unies à adopter un moratoire mondial sur les exécutions. Ses membres se sont cette fois-ci réunis aux Etats-Unis pour montrer leur inquiétude quant à la poursuite de l’utilisation de la peine de mort dans le pays.
Le 10 octobre 2010, la Coalition mondiale a décidé de consacrer la Journée mondiale contre la peine de mort aux Etats-Unis.

« Le monde nous montre une meilleure façon de rendre justice »

« La vaste majorité des pays du monde n’utilisent plus la peine de mort », a déclaré Stefanie Faucher, directrice associée de DPF. « 95 % des exécutions ont lieu dans cinq pays seulement : la Chine, l’Iran, l’Irak, l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis. Le récent blocage du projet de protocole pour l’injection létale en Californie montre à nouveau à quel point notre système de peine capitale est en panne. Le monde nous montre maintenant une meilleure façon de rendre une justice rapide et certaine, au lieu de passer des décennies dans l’incertitude et l’attente. »
Parmi les organisations participant à l’assemblée de la Coalition mondiale, on a retrouvé Ensemble contre la peine de mort, de France, la Communauté de Sant-Egidio, d’Italie, Amnesty International, Penal Reform International, Murder Victims’ Families for Human Rights, l’Alliance taïwanaise pour mettre fin à la peine de mort et bien d’autres venues des Amériques, d’Asie, d’Afrique et d’Europe.
Les membres ont pu bénéficier de briefings sur les évolutions récentes, notamment sur la situation de la peine de mort et les espoirs d’abolition en Chine.
« Nous devons travailler ensemble pour aider les pays qui conservent la peine de mort à réaliser l’importance d’un moratoire », explique Hsinyin Lin, directrice de l’Alliance taïwanaise pour mettre fin à la peine de mort. « Les membres de la Coalition mondiale contre la peine de mort sont nos meilleurs partenaires et nos soutiens. »

Article rédigé par Elizabeth Zitrin et Jessica Lewis

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