Lindy Lou, Jurée n°2
Les associations présentes, soit partenaires, soit soutiens du projet, ont pu à la fin de la projection apprécier un débat d’idées d’une vingtaine de minutes sur le documentaire.
Des jurés évoluant dans l’ombre de la justice pénale
Il faut le reconnaitre, ce film réalisé par Florent Vassault n’a pas l’allure d’un documentaire abolitionniste et militant. La passion qui anime ce film et les sentiments qui habitent le spectateur tout au long des 84 minutes ne sont pas ceux du militantisme mais ceux de la compréhension et du désir de parler. Parler simplement, humainement, sincèrement, sans tergiversation, et échanger sur la peine de mort .
Lindy Lou, principale protagoniste du film, était jurée sur une affaire de meurtre au Mississippi. En 1994, son jury, composé de 11 personnes (plus un suppléant), a condamné à mort un homme, Bobby Wilcher.
Pour Lindy Lou cette semaine fut éprouvante et a changé sa vie. Sa rencontre avec Florent Vassault (le réalisateur) lui permet de réfléchir aux sentiments qui l’habitent depuis lors.
A l’origine le réalisateur pensait construire le film autour de Lindy Lou, qu’elle raconterait le jury, les étapes par lesquelles ils sont passés avant de prononcer la condamnation à mort. En réalité au fur et à mesure du documentaire et des rencontres qui se suivent, le film repose plus sur « les vingt ans qui ont suivi, sur la manière dont cette décision [la prononciation de la peine de mort] a travaillé ces hommes et ces femmes. »
C’est un documentaire qui pour la première fois attire l’attention sur les jurés. Cette pratique permet de faire de ce film un bijou éducatif et formateur dont la cible dépasse largement un public abolitionniste et vient intéresser celui moins sensible à l’abolition de la peine de mort.
Une cible différente, un public élargi
Ce documentaire n’est donc ni abolitionniste, ni militant, créé non pas pour justifier l’abolition de la peine de mort mais pour mettre l’accent sur un public que l’on a peu tendance à écouter dans le milieu abolitionniste (et pour cause). Florent Vassault fait le pari de médiatiser autrement cette Amérique blanche de Trump des quartiers riches. Loin de rester focalisé sur les clichés habituels (armes à feu, racisme, etc.), ce documentaire nous ouvre aussi les esprits de ces personnes qui vivent et voient les choses autrement. Le public peut alors être varié, abolitionniste, rétentionniste, sceptique, Lindy Lou elle-même n’était pas contre la peine de mort.
Ce qui importe dans ce documentaire c’est l’impact de cette condamnation sur ces 11 personnes… un impact plus ou moins fort chez certains, l’un des jurés ayant tout oublié, ne se souvenant même pas de la condamnation.
Une question sous-jacente sur l’éducation à l’abolition
Au-delà des personnes directement touchée par la condamnation de Bobby Wilcher, sa famille notamment et certains membres du jury, le documentaire traite d’un public plus éloigné. La famille des jurés. Celle-ci a vécu la douleur et a souffert en voyant leur mère, dans le cas de Lindy Lou, se torturer pendant plus de vingt ans. Il semblerait que l’éducation de ses proches lorsque l’on a vécu une telle expérience soit bénéfique pour les sensibiliser à la question de l’abolition.
Ainsi, l’une des questions qui ressort constamment est celle de la première scène où Lindy Lou demande à sa petite-fille de 13 ans, « est-ce que tu pourrais condamner à mort un homme ? » ; cette question est aussi posée à plus d’une reprise par Lindy Lou aux autres jurés qu’elle rencontre, leur demandant si aujourd’hui ils pourraient (re)condamner à mort un homme. Les réponses sont variées et jamais très précises.
Cette scène fait écho à l’une des dernières du documentaire dans laquelle Lindy Lou rencontre le président de son jury, Kenneth Branch, juré n°1, et discute avec lui, sa femme et sa fille. Cette dernière explique qu’elle ne pourrait pas condamner à mort un homme, que « cela ne m’appartient pas » ; Lindy Lou en arrière-plan rétorque que cela n’appartient pas plus à l’Etat.
Cette dernière scène permet à chacun de réfléchir véritablement à qui devrait appartenir cette décision, si ce n’est à personne.
Pour plus d’informations:
Contact associations : Phillippe Hagué, hague.philippe@gmail.com
Distribution: JHR films 09.50.45.03.62 – info@jhrfilms.com