Comment le Colorado est devenu le 22ème État abolitionniste aux États-Unis
Bonnes nouvelles
Le 23 mars 2020, le gouverneur de l’État du Colorado, Jared Polis, signait la loi abolissant la peine de mort. Le projet de loi SB20-100 avait été adopté par le Sénat par un vote de 19-13 le 30 janvier et par la Chambre des représentants par un vote de 38-27 le 26 février. Il a également commué les peines des trois personnes se trouvant dans le couloir de la mort de cet État de l’ouest américain.
Longue marche vers l’abolition : comment les abolitionnistes ont réussi
Dans un article fascinant, l’ACLU du Colorado explique " Comment le Colorado a finalement abrogé la peine de mort ". Depuis plus de vingt ans, une coalition à l’évolution constante de membres de familles des victimes, d’agents pénitentiaires, d’avocats de la défense, de procureurs, de chefs religieux et de défenseurs-es des libertés civiles a travaillé sans relâche pour mettre fin à la peine de mort au Colorado.
En 2019, à la suite d’un balayage démocratique du corps législatif et du bureau du gouverneur, beaucoup pensaient que l’abolition était inévitable. Malheureusement, le sénat de l’État n’avait pas adopté le projet de loi. En réponse, l’ACLU du Colorado a lancé une campagne ambitieuse, à multiples facettes, bipartite et communautaire pour mettre enfin fin à la peine de mort brisée".
Par exemple, au début de la campagne, ACLU Colorado a organisé des débats publiques à Aurora et dans d’autres villes, où la majorité des personnes passibles de peine de mort étaient poursuivies. Par le biais d’une coalition d’organisations, ils ont organisé des soirées de cartes postales, des lettres aux éditeurs de journaux, posé des questions aux législateurs dans les mairies pour les sensibiliser. Ils ont également rassemblé une vaste collection d’histoires et de statistiques dans le rapport intitulé, "Ending A Broken System" : La peine de mort coûteuse, inefficace et injuste du Colorado".
Les avocats de la défense y expliquent les coûts faramineux de chaque affaire, les personnes exonérées y témoigne des défauts de la peine de mort et les familles des victimes dont des proches ont été assassinés y partage les raisons pour lesquelles, même face à une telle tragédie, elles sont fermement opposées à la peine de mort, dans des vidéos, lors d’une conférence de presse et lors de témoignages au capitole. Les chefs religieux ont également participé à des événements communautaires et ont signé une lettre condamnant l’immoralité de la peine de mort.
Enfin, ACLU Colorado et ses alliés ont organisé une " Journée de lobbying pour l’abolition de la peine de mort " au début de la session législative en janvier 2020, au cours de laquelle dix-neuf agents pénitentiaires ont signé une lettre exhortant les législateurs à mettre fin à la peine de mort en raison du tort qu’elle cause aux fonctionnaires chargés de procéder aux exécutions. Vingt-sept procureurs du Colorado ont signé une lettre expliquant que l’utilisation des exécutions comme monnaie d’échange dans un procès augmente le risque que des innocents plaident coupable d’un crime qu’ils n’ont pas commis. Les membres des familles des victimes ont envoyé une lettre avec 70 signatures expliquant comment le processus de la peine de mort les a forcés à revivre le traumatisme du meurtre pendant des décennies, sapant ainsi leur processus de guérison.
L’abolition a été rendue possible "grâce à une campagne menée localement par des abolitionnistes de tout bord qui a permis de recueillir les témoignages de personnes directement touchées par cette législation. Nous avons creusé dans les faits spécifiques du Colorado sur les coûts et les inégalités du système et coordonné un réseau d’activistes pour tenir les législateurs responsables".
" Il est temps d’inscrire dans la loi ce que notre État fait déjà en pratique "
Comme dans beaucoup d’autres États des États-Unis et du monde entier, cette abolition a été précédée d’une période de recours très limité à la peine de mort. La seule exécution de l’État depuis que la Cour suprême des États-Unis a rétabli la peine capitale en 1977, a eu lieu il y a plus de 20 ans, en 1997, et la dernière condamnation, par un jury, il y a 10 ans, en 2010. Par ailleurs, le 22 mai 2013, le gouverneur de l’époque, John Hickenlooper, avait imposé un moratoire sur les exécutions.
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