La Coalition tunisienne contre la peine de mort est née

Plaidoyer

le 21 juin 2007

Les représentants de sept ONG nationales réunies à Tunis le 14 juin ont annoncé la naissance de la Coalition nationale tunisienne contre la peine de mort. « La coalition œuvrera à créer une dynamique visant à abolir la peine capitale en Tunisie, où plus de 100 condamnés à mort croupissent dans les prisons, attendant la substitution de leur peine », a déclaré Mohamed Habib Marsit, président de la section tunisienne d’Amnesty International, lors de la conférence de presse organisée dans ses bureaux.

Lors de cet événement, on a remarqué la présence de diplomates étrangers, représentant notamment l’Union européenne, la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.
Les ONG fondatrices ont reçu le soutien d’une centaine d’artistes, académiciens et militants renommés des droits de l’Homme en Tunisie et n’entendent pas en rester là : « La coalition reste ouverte », a déclaré Mohamed Habib Marsit.

Réponse-éclair à l’appel de Paris
Les abolitionnistes tunisiens répondent ainsi à l’appel lancé par la Coalition mondiale lors du Congrès mondial contre la peine de mort qui s’est tenu à Paris en février dernier. Les congressistes avaient été encouragés à former des coalitions nationales ou régionales afin de mettre en réseau les organisations qui luttent, parfois de manière isolée, contre la peine capitale.
La Coalition tunisienne a ainsi calqué sa charte de fonctionnement sur celle de la Coalition mondiale, se donnant pour objectif d’« obtenir l’abolition de la peine de mort dans [son] pays, à conduire en coordonnant des actions pour promouvoir un large mouvement citoyen en faveur de l’abolition et en agissant auprès des autorités afin que [son] pays rejoigne le camp des Etats abolitionnistes. »
La Tunisie, où aucune exécution n’a eu lieu depuis 1994, conserve la peine de mort dans son droit pénal et compte de nombreux condamnés suspendus à une éventuelle exécution. « Nous allons d’abord travailler à l’obtention d’un moratoire et à l’amélioration du sort de ces détenus », a expliqué Mohamed Habib Marsit.

Accueil glacial des autorités
Le gouvernement tunisien ne voit pas d’un bon œil la création de la coalition. Dès le lendemain de son lancement, la police a convoqué Mohamed Habib Marsit essayé de lui faire signer un texte dans lequel il renoncerait à toute activité de la coalition.
Selon les autorités, la Coalition tunisienne enfreint la loi et les règles de fonctionnement d’Amnesty International, qui prévoient sa neutralité par rapport au pays dans lequel l’organisation travaille. Mais pour les coalisés Tunisiens, leurs demandes d’évolution du droit ne constituent en rien une attaque envers le gouvernement.
Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme, a par ailleurs précisé que, toutes les organisations fondatrices étant légalement reconnues en Tunisie, leur alliance ne constituait en rien une association illicite.
« Notre action est totalement légale. Le problème est politique », a résumé Zied El-Heni, membre du comité de direction de l’Association des journalistes tunisiens, membre de la Coalition tunisienne. Le ministre tunisien de la Justice et des droits de l’Homme, Béchir Tekkari, avait estimé en mars dernier qu’il n’était « pas encore temps d’abolir la peine de mort ».

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