Les liens entre peine de mort et santé mentale mis au jour du Japon au Nigeria

Journée mondiale

Publié par Thomas Hubert, le 15 octobre 2014

Le 10 octobre, les représentants de la Coalition mondiale et de ses membres ont occupé le terrain médiatique pour dénoncer les liens entre la peine de mort et les problèmes de santé mentale. « Au Japon, une personne qui avait passé 50 ans dans le couloir de la mort vient d’en sortir et aura un nouveau procès parce qu’il est considéré comme malade mental », a par exemple expliqué la directrice de la Coalition mondiale, Maria Donatelli, dans une interview sur France 24.
Pour mieux comprendre cette problématique, regardez l’intervention de Florence Bellivier, présidente de la Coalition mondiale, dans la vidéo ci-dessous.

Les organisations membres de la Coalition mondiale ont souligné les difficultés rencontrées par les malades et les handicapés mentaux risquant la peine de mort dans leur pays. À Lagos, HURILAWS a détaillé dans un communiqué de presse la manière dont « le Nigeria applique la peine de mort depuis 50 ans sans prêter attention à la santé mentale ». « Tous les jours, les exemples abondent dans lesquels des accusés souffrant de sérieux problèmes de santé mentale sont jugés sans soutien adéquat et ne peuvent assurer leur défense », ajoute HURILAWS en citant des affaires illustrant son propos.
Les professionnels de santé ont eux aussi pris position. Le Conseil international des infirmières s’est déclaré très préoccupé par l’absence de soins et de soutien adéquats pour les personnes atteintes de troubles de la santé mentale et a rappelé que la déontologie des infirmières leur interdisait de participer à des exécutions. Le président de l’Association médicale mondiale a également attiré l’attention sur la Journée mondiale lors de son Assemblée générale qui se tenait au même moment. A cette occasion, il a rappelé aux médecins la Déclaration de Tokyo, par laquelle ils s’engagent à ne participer à aucun traitement cruel, dégradant ou inhumain.

Richard Branson, Ban Ki-moon et Ai Weiwei soutiennent la Journée mondiale

Des personnalités du monde politique, des affaires et des arts ont relayé les appels des abolitionnistes à l’occasion de la Journée mondiale.
Richard Branson, le fondateur du groupe de médias et de transports Virgin, a appelé les gouvernements à suivre les recommandations de la Coalition mondiale sur la protection des malades et des handicapés mentaux risquant la peine de mort. « Nous devons tous œuvrer pour fin à la peine de mort pour de bon. Mais sur le chemin de l’abolition universelle, nous devons faire tout notre possible pour protéger ceux qui risquent le plus d’être condamnés malgré leur innocence », a-t-il écrit sur son blog.
A l’occasion d’un un événement intitulé « Une justice qui tue – la peine de mort au 21e siècle » et organisé à l’ONU à Genève par l’Italie et l’Union européenne, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a adressé message de soutien à la Journée mondiale, appelant les dirigeants du monde à mettre en place un moratoire sur les exécutions et à ratifier le Protocole de l’ONU sur l’abolition de la peine de mort.
« Nous voulons rendre ce Protocole vivant », a déclaré Florence Bellivier lors d’une cérémonie organisée à Genève par CCPR Center et la Coalition mondiale pour commémorer le 25e anniversaire du traité banissant la peine de mort des pays qui l’ont ratifié. Elle a insisté sur l’importance du Protocole comme outil pour faire avancer la cause abolitionniste dans le monde, en encourageant la société civile, les organisations internationales et les Etats présents à s’en servir davantage.
Les ministres des Affaires étrangères de 12 pays dans lesquels la peine capitale a été abolie ou non ont signé une déclaration commune appellant de leurs vœux un monde qui « respecte la dignité humaine » à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort.

Sur les réseaux sociaux, l’artiste chinois Ai Weiwei, l’ancien ministre de la Justice français Robert Badinter et de nombreux membres du réseau diplomatique britannique ont participé à la campagne #nodeathpenalty, à travers laquelle les internautes affichent dans un selfie la raison pour laquelle ils s’opposent à la peine de mort.

Conférence régionale à Tunis

Les abolitionnistes d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient avaient pris de l’avance sur la Journée mondiale avec une conférence régionale organisée les 26 et 27 septembre à Tunis par la Coalition tunisienne contre la peine de mort et ECPM, deux membres de la Coalition mondiale.
Dans leur déclaration finale, les participants ont rappelé que « le droit à la vie est le premier des droits et transcende tous les autres » et appelé à sa mise avant dans la formation des juristes. Ils ont également salué le vote de l’Algérie et de la Tunisie en faveur d’un moratoire universel sur les exécutions à l’Assemblée générale de l’ONU et appellent tous les États de la région à adopter une démarche similaire alors qu’un nouveau vote est prévu fin 2014.
Tout en soulignant les difficultés liées au terrorisme, au conservatisme de certains religieux et à l’immobilisme politique, les abolitionnistes de la région se sont engagés à continuer leur travail en réseau et leur ouverture sur la société. « La lutte pour l’abolition est une action trop élitiste et urbaine. Nous avons besoin de transmettre la culture et les valeurs abolitionnistes », a ainsi affirmé Habib Marsit, président de la Coalition tunisienne contre la peine de mort.

Outre la campagne #nodeathpenalty sur les réseaux sociaux, plusieurs actions lancées à l’occasion de la Journée mondiale se poursuivent courant octobre : consultez le calendrier des événements pour en savoir plus.

Photo, en haut : conférence de l’organisation membre de la Coalition mondiale CRSJS en Inde à l’occasion de la Journée mondiale 2014.

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