Un sondage révèle le rapport des Iraniens vis-à-vis de la peine de mort
Statistiques
Extrait de l’article publié sur le site d’IHR. Pour l’article complet en anglais, cliquez ici.
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Cette enquête, menée par l’Institut GAMAAN entre les 3 et 11 septembre 2020, agrège les réponses d’environ vingt mille personnes vivant en Iran. Les résultats peuvent être généralisés à l’ensemble de la population des résident·e·s iranien·nne·s alphabétisés de plus de 19 ans, lesquels représentent 85% de la population adulte totale de l’Iran.
Aussi, selon cette enquête :
- Seul·e·s 14% des Iranien·nne·s sont favorables à la peine de mort telle qu’elle est prévue par la Charia (comme c’est le cas dans l’actuel Code pénal iranien)
- Plus de 85% des Iranien·nne·s sont opposé·e·s à la peine de mort pour les crimes commis par des personnes de moins de 18 ans
86% des Iranien·nne·s s’opposent à la pratique des exécutions publiques
- Seulement 21% des Iranien·nne·s disent privilégier le qisas (peine de mort en guise de châtiment) à une autre peine si un·e membre de leur famille proche était assassiné·e
[…]
« Cette enquête indique que, contrairement aux affirmations officielles, la politique des autorités iraniennes en matière de peine de mort ne reçoit pas pas le soutien de la population. La grande majorité des Iranien·nne·s veulent mettre un terme aux exécutions publiques et à la peine de mort pour les enfants délinquants, et ils préfèrent des peines alternatives même pour des crimes graves comme le meurtre. La communauté internationale doit se faire l’écho de la voix du peuple iranien et appeler les autorités iraniennes à mettre en œuvre des réformes fondamentales afin de faire un pas important vers l’abolition de la peine de mort ».
Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de IHR
Selon les rapports de IHR, la majorité des personnes exécutées en Iran depuis 2017 ont été reconnues coupables de meurtre et condamnées à mort en vertu du principe juridique du qisas (rétribution en nature). Les autorités iraniennes affirment que le qisas relève du droit du plaignant (la famille de la victime) et que la plupart des exécutions de qisas ont lieu à la demande du plaignant.
Toutefois, lorsqu’on les interroge sur la peine qu’ils privilégient en cas de meurtre d’un membre de leur famille proche, seuls 21,5 % des personnes interrogées choisissent le qisas (peine de mort en guise de châtiment), tandis que plus de 50 % préfèrent des peines alternatives telles que l’emprisonnement.
« Bien que l’obligation d’un État de respecter les droits humains ne devrait jamais être soumise au vote populaire, les résultats de cette enquête indiquent clairement que l’acceptation de la peine capitale par la population Iran est nuancée, une partie importante des personnes interrogées étant opposée à la peine de mort quel que soit le crime »
Kevin Miguel Rivera-Medina, président de la Coalition mondiale contre la peine de mort
« Les autorités iraniennes, désireuses de maintenir la peine de mort, s’empressent de souligner qu’elles exécutent la volonté du peuple, en affirmant que la peine de mort est juste et imposée par la Charia. Cependant, avec seulement 14% des personnes interrogées en accord avec cette déclaration, il est évident que les déclarations, inexactes, du gouvernement iranien sur l’opinion publique ne serve que de prétexte à des violations permanentes des droits humains. Aujourd’hui, plus que jamais, le gouvernement iranien devrait tenir compte de l’appel du peuple iranien à abandonner les qisas et à adopter des mesures positives pour réduire l’application de la peine de mort sur son territoire. De telles mesures réaffirmeraient ces points de vue et reconnaîtraient le principe mondial du respect de la vie humaine »
Kevin Miguel Rivera-Medina, président de la Coalition mondiale contre la peine de mort
Avec la publication de cette étude, la Coalition mondiale et IHR appellent à un moratoire immédiat sur l’application de la peine de mort et à la mise en œuvre de réformes pénales sérieuses limitant le recours à la peine capitale, afin de progresser vers son abolition totale en Iran. Les réformes mises en œuvre par les autorités iraniennes dans le cadre de la loi antidrogue de 2017 ont permis de réduire considérablement le nombre d’exécutions. Mais ce nombre en Iran demeure toujours l’un des plus élevés au monde.
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