Liban
Association Justice et Miséricorde (AJEM)
L’Association Justice et Miséricorde (AJEM) est une organisation non gouvernementale (ONG) libanaise à but non lucratif, apolitique et non confessionnelle, créée en 1996 à l’initiative d’un groupe de travailleurs sociaux. L’AJEM s’occupe principalement du droit des prisonniers au Liban, et plus généralement du respect des droits humains, de la lutte contre la torture et autres traitements inhumains, cruels et dégradants, et travaille pour l’abolition de la peine de mort.
« La coalition nationale pour l’abolition de la peine de mort au Liban »
Au début de l’année 1997, la première initiative pour l’abolition de la peine de mort a été lancée avec la participation de personnalités connues et plusieurs associations dont l’AJEM. C’est à l’initiative de l’AJEM et de l’ADDL (Association de Défense des Droits de l’homme et des Libertés) que la première déclaration publique collective appelant à l’abolition de la peine de mort a vu le jour le 21 mai 1998. Un large programme d’activités innovantes a été mis en place par ce mouvement. A ce titre, on peut noter la mise en œuvre d’une grande manifestation contre les exécutions publiques de deux jeunes garçons dans la localité de Tarbaja (Mont Liban) le 20 mai 1998. Le slogan était le suivant : « Nous pleurons les victimes du premier crime ainsi que les victimes de l’exécution ». Les membres du mouvement, dont le président de l’AJEM, se tenaient dos à la place de l’exécution, bloquant la route avec une banderole en noir et blanc, afin que les juges, les hommes religieux, les forces de sécurité, les media et beaucoup d’autres personnes s’arrêtent et lisent le slogan. L’évènement figurait en première page dans une dizaine de journaux et media locaux, arabes et internationaux et était présenté comme une étape majeure dans l’histoire de l’abolition de peine de mort au Liban. L’un des premiers succès de cette campagne nationale a été l’annulation de la loi 302/94 connue comme la « loi tueuse » qui disposait que « tout tueur sera(it) tué» sans considération de circonstances atténuantes. (Loi 302/94) Autre résultat notable, lié au lancement du processus de campagne pour l’abolition de la peine de mort au Liban, les juristes, les chercheurs en droits de l‘homme et les législateurs ont soumis 3 projets de loi et propositions pour remplacer la peine de mort, entre 2001 et 2009. Le 30 juin 2004, un projet de loi a été soumis par 7 députés pour abolir la peine de mort et la remplacer par un emprisonnement à vie et des travaux forcés, sans possibilité de circonstances atténuantes ou d’aménagement de peine. Mais la proposition ne fut pas développée. En 2006, c’est encore la « campagne nationale » (pour l’abolition de la peine de mort) prépara un projet de loi qui offrait le droit d’étudier la nature et les circonstances de chaque crime avec la possibilité de bénéficier de l’article 4 de la loi 163/2002. Elle fut signée par 7 députés et introduite au Parlement par des députés et un membre de la « campagne » : Ghassan MOUKHAIBER. Mais ce projet demeura sans suite. Enfin, en 2008, le Dr Ibhrahim NAJJAR, le ministre de la justice soumit son projet de loi à la présidence de la République et au conseil des ministres afin que la peine de mort soit abolie et remplacer par l’emprisonnement à vie doublé de travaux forcés. Or ce projet ne fut pas mis à l’agenda. Il est également important de noter l’initiative parlementaire de 2007, dans le cadre de la « campagne nationale pour les droits de l’Homme » qui a conduit une étude légale et des discussions importantes au parlement sur l’abolition de la peine de mort et des alternatives possibles, en présence des membres de la « campagne nationale », les organisations et associations de défense des droits de l’homme et des députés concernés. Outre les recherches et alternatives que ce mouvement a fait émerger, les documents statistiques et publications qu’il a produit, les trainings et conférences et les manifestations qu’il a organisés, le travail qu’il a réalisé auprès des familles de victimes etc., le résultat le plus notable est le moratoire de facto qui prévaut au Liban depuis 2004 et dans lequel ce mouvement a joué un rôle majeur.
La journée mondiale contre la peine de mort du 10/10/2011
A l’occasion de la neuvième journée internationale contre la peine de mort qui a eu lieu lundi 10 octobre 2011, l’AJEM a mis en place une action de sensibilisation et d’information à destination de la population libanaise sur la peine de mort. Elle souhaitait par là même témoigner son soutien aux condamnés à mort libanais, actuellement au nombre de 57, dont trois femmes, dans les prisons libanaises. Le 10 octobre 2011, l’AJEM était donc présente sur la place de l’Etoile (Centre de Beyrouth) à partir de 15h30. L’AJEM y a installé un stand d’information présentant les documents suivants : – la pétition « APPEL POUR UN MORATOIRE UNIVERSEL SUR LA PEINE DE MORT » proposée par la Coalition mondiale, en anglais et français. – la pétition «APPEL POUR L’ABOLITION DE LA PEINE DE MORT AU LIBAN » réalisée par l’AJEM, en français ainsi qu’en arabe. – Les « faits et chiffres » sur la peine de mort dans le monde, proposés par la Coalition mondiale, en anglais et français – La brochure intitulée « la peine de mort est inhumaine », proposée par la Coalition mondiale, en anglais et français. – Les « faits et chiffres » sur la peine de mort au Liban, document réalisé par l’AJEM, en français et en arabe. – Les affiches de la 9eme journée mondiale contre la peine de mort de la Coalition mondiale en français : « la peine de mort est inhumaine ». – Les affiches des différents projets de l’AJEM (torture, violence et drogue) La signature des pétitions a connu un succès important. L’association libanaise ALEF était également présente. La flash mob a pu débuter aux alentours de 17h après quelques mots du père Hady AYA, président de l’AJEM. Tous les membres de l’AJEM ainsi que des personnes spécialement présentes à l’occasion de cet évènement, ont revêtu des masques blancs, en plus de leur t-shirt, et sont partis de devant le stand de l’AJEM, en procession, sur la musique de « Requiem for a Dream », pour se placer devant le parlement libanais. La totalité des participants s’est allongée durant 2 minutes devant le parlement en signe de protestation contre la peine de mort.
Date de création
1998Type de structure
ONG