Des militants mettent à jour des exécutions secrètes au Nigéria

Déclaration

le 9 janvier 2008

Dans un communiqué commun publié fin décembre, Amnesty International (AI), membre de la Coalition mondiale, et 17 organisations nigérianes de défense des droits de l’Homme ont déclaré avoir réuni des éléments prouvant qu’au moins sept exécutions par pendaison avaient eu lieu au cours de ces deux dernières années.
Cette révélation intervient un mois après la déclaration d’un représentant du gouvernement nigérian auprès des Nations unies sur la question de la peine de mort dans son pays. Il avait déclaré: « Le châtiment ne vient qu’après épuisement de toutes les procédures juridiques et judiciaires, notamment le recours à la Cour suprême du pays. […] Il est donc avéré que nous n’avons procédé à aucune exécution au Nigéria ces dernières années. »
Mais les militants des droits de l’Homme ont établi que plusieurs prisonniers ont été exécutés sans avoir eu accès à une réelle défense ni  épuisé les procédures d’appel.
L’enquête a commencé lorsqu’AI, qui conduisaitn une mission de visite des prisons au Nigéria en 2007, a entendu des rumeurs faisant état d’exécutions dissimulées. L’organisation s’est alors associée à des ONG locales pour faire des recherches sur le sujet.

Travail de terrain

« Elles ont fait le travail de terrain », a expliqué Aster van Kregten, chercheur sur le Nigéria chez AI. « Elles sont allées dans les prisons, ont pu consulter les registres et ont vu que la cause des décès était une exécution judiciaire. »
Ls autorités de l’état du Kano, dans lequel ont eu lieu les exécutions, ont reconnu les faits mais nient toute tentative de dissmulation des exécutions. « Je ne sais pas de quel secret parle Amnesty », a dit le procureur de l’état du Kano, Aliyu Umar. « Des exécutions légales ont lieu partout dans le monde dans l’enceinte des prisons, de la même façon que ces sept exécutions ont été réalisées. »
AI a demandé au Nigéria d’adopter un moratoire immédiat sur les exécutions. Aster van Kregten a indiqué que l’organisation avait écrit au gouvernement fédéral nigérian et attendait une réponse prochaine.
AI poursuit son enquête pour confirmer les noms de toutes les personnes exécutées et les dates de leurs exécutions.

Illustration : dessin d’Arthur Judah Angel, un ancien prisonnier, illustrant la vie dans le quartier des condamnés à mort de la prison d’Enugu, au Nigéria.
© Arthur Judah Angel

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Nigeria

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