ADPAN: lever le secret sur la peine de mort en Asie en 2008

Journée mondiale

le 3 février 2008

A l’occasion des Jeux olympiques de Pékin, puis de la Journée mondiale contre la peine de mort du 10 octobre, la Coalition mondiale a décidé cette année de se tourner vers l’Asie.
Elle dispose pour ces actions d’un partenaire de choix, l’ADPAN (Anti-Death Penalty Asia Network – Réseau asiatique anti-peine de mort), dont elle est membre. Première action commune : une lettre ouverte aux autorités chinoises, envoyée à l’occasion du Congrès national du peuple en février pour demander plus de transparence sur l’application de la peine capitale en Chine, dénoncer le nombre élevé de crimes passible de la peine de mort, et demander l’instauration d’un moratoire sur les exécutions.
Au fil de l’année, l’ADPAN va également poursuivre son propre programme d’activités autour des thèmes régionaux sur lesquelles il se concentre depuis sa création il y a deux ans : les infractions en matière de drogue passibles de la peine capitale, la transparence sur l’application de la peine de mort, les procès inéquitables, le sort des condamnés atteints de maladies mentales, la peine de mort automatique* et la prise en compte des besoins des victimes.
Sur ce dernier point, l’ADPAN bénéficie du soutien précieux de l’association américaine Murder Victims’ Families for Human Rights, membre de la Coalition mondiale, qui rassemble des proches de personnes assassinées opposés à la peine capitale.

Emouvoir l’opinion chinoise

En Chine, l’ADPAN va notamment mettre en avant les cas d’innocents exécutés. « Nous allons parler des sujets sur lesquels nous savons que les gens seront émus », explique Louise Vischer, qui coordonne le fonctionnement du réseau asiatique depuis le siège d’Amnesty International à Londres.
L’ADPAN va également publier un rapport sur la peine de mort en Inde réalisé par l’un de ses membres, Bikram Jeet Batra, à la veille d’une réunion parlementaire en avril. Le document, destiné à dévoiler les problèmes de transparence et la subsistance de peines de mort automatiques dans le droit indien, fera l’objet d’une double publication : une version détaillée visera plutôt le public indien, tandis qu’un rapport plus court servira à mener des campagnes dans les pays voisins. « Les gens veulent utiliser des exemples venus d’autre pays », note Louise Vischer.

Secret au Japon et en Mongolie

Au Japon et en Mongolie, l’ADPAN va s’attaquer au secret qui entoure les exécutions et empêche les citoyens de se forger leur propre opinion. Dans le cadre d’une campagne d’Amnesty International, le réseau travaille aussi sur le cas des malades mentaux condamnés à mort au Japon.
Partout, l’organisation s’appuie désormais sur la résolution adoptée en décembre dernier par l’ONU en faveur d’un moratoire sur les exécutions : l’objectif est maintenant d’obtenir son application.

Succès en Corée du Sud

L’ADPAN s’enorgueillit déjà de certains succès, comme en Corée du Sud où le débat sur l’abolition progresse notamment grâce à la campagne de lettres envoyées par ses membres. Leur citation régulière dans les débats politiques et dans la presse atteste de leur impact. Alors que le pays n’a exécuté aucun condamné depuis 10 ans, une cérémonie incluant le lâcher de 64 colombes représentant 64 condamnés dont la vie a été sauvée a été un succès (photo).

* On parle de peine de mort automatique lorsque le droit d’un pays prévoit systématiquement la peine capitale pour certains crimes, sans donner au juge le choix d’une autre sanction.

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