Etats-Unis : le rêve à portée de main

Abolition

le 3 février 2008

Certes, les Etats-Unis restent un des six pays qui exécutent le plus au monde, mais le combat en faveur de l’abolition y a fait d’important progrès ces dix dernières années.
« Nous avons de bonnes raisons d’être optimistes et de se réjouir du fait que les efforts, passions et pleurs des personnes présentes dans cette salle et ailleurs dans le pays sont en train de porter leurs fruits… La réalité, c’est que des centaines de vies ont déjà pu être sauvées grâce à nos campagnes. » C’est sur ce bilan positif que le professeur de droit Larry Marshall a ouvert la conférence.
Les avancées sont manifestes : le nombre d’exécutions annuel est en baisse constante, passant de 98 exécutions en 1999 à 42 exécutions en 2007 (source DPIC). De plus en plus d’États mettent en place des moratoires sur les exécutions. Phénomène récent, d’autres l’abolissent.
Ainsi, la peine de mort a été déclarée inconstitutionnelle dans l’État de New York en 2004 tandis qu’en décembre 2007, le New Jersey devenait le premier État a abolir la peine de mort par voie législative depuis 1965.
Par ailleurs, la décision de la Cour Suprême fédérale d’examiner la constitutionnalité de l’injection létale en octobre dernier a instauré un moratoire de fait sur l’ensemble du pays. Si elle ne s’intéresse pas à la légalité de la peine de mort en soi, cette affaire représente une opportunité pour porter plus loin le débat sur la scène nationale.

Un système défaillant

Ces changements ne sont pas le fait d’une évolution morale de la société américaine, l’opinion publique restant très largement en faveur de la peine de mort. Ils résultent essentiellement du constat multiforme que le système régissant la peine capitale aux États-Unis est défaillant : démesurément coûteux, sujet à l’arbitraire, à l’erreur judiciaire, au racisme.
La plupart des études sur le sujet parviennent à ces conclusions, de même que les travaux des commissions mises en place dans certains États sur la peine de mort, ou plus récemment sur la bonne administration de la justice en Californie.
Depuis 1976, 126 condamnés à mort ont été innocentés. D’après les recherches de la NCADP, au moins quatre innocents auraient été exécutés. Les libérations se sont multipliées ces dernières années, notamment grâce aux tests ADN, accentuant ainsi les doutes de ceux qui pensaient cette peine juste et équitable.

De nouveaux alliés

Ces développements ouvrent de nouveaux chantiers pour les opposants à la peine de mort et permettent à des voix différentes de se faire entendre. Ainsi, le débat sur la peine de mort ne se situe plus seulement sur un plan moral, mais s’ouvre à d’autres arguments plus pratiques, sur lesquels chacun aura son mot à dire : les policiers, les opposants politiques, les familles de victime, les innocents libérés (photo), etc.
Pour le sénateur du New Jersey Raymond Lesniak, qui a parrainé le projet de loi sur l’abolition dans cet État, c’est même la clé du succès. Largement à l’honneur à l’occasion de la conférence de la NCADP, il a rappelé que c’est en particulier grâce aux témoignages des familles de victimes, des représentants de la loi et des condamnés à morts innocentés que le projet de loi avait trouvé auprès des législateurs new-jerseyens une oreille attentive.

La Conférence annuelle de la NCADP a également été l’occasion de réfléchir au rôle de la communauté internationale dans le combat abolitionniste américain, et de rendre hommage à ceux et celles dont le travail contribuer à faire avancer la lutte contre la peine de mort.

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