A Porto Rico, les abolitionnistes obtiennent le soutien du gouvernement

Abolition

le 5 mars 2008

Fin janvier, le ministre de la Justice de Porto Rico, Roberto Sanchez Ramos, et des représentants de la Coalition portoricaine contre la peine de mort ont annoncé lors d’une conférence de presse commune une série de décisions destinées à limiter le nombre de portoricains encourant la peine de mort devant les tribunaux américains.
Même si le Commonwealth de Porto Rico dispose de sa propre constitution et de ses propres lois qui interdisent la peine de mort, il reste soumis à la législation fédérale américaine.
Le ministère portoricain de la Justice s’est engagé à juger toutes les affaires de vol de voiture avec agression (« carjacking ») ayant entraîné la mort, encouragé par une récente directive du ministère américain de la Justice qui plaide en faveur d’un traitement local plutôt que fédéral de ces affaires. En effet, généralement jugé par les tribunaux fédéraux, ce délit a donné lieu à de nombreuses condamnations à mort. Les autorités portoricaines ont affirmé que désormais elle ne défèreront ces affaires à un tribunal fédéral américain qu’à condition qu’il s’engage à ne pas requérir la peine capitale.

Déjà en pratique

S’il ne peut légalement refuser une extradition, le ministre de la Justice a aussi indiqué qu’il demandera à tous les États qui exigeront l’extradition d’un prévenu encourant la peine de mort d’y renoncer. En outre, il « exprimera son opposition » chaque fois qu’un Portoricain risquera la peine de mort dans une autre juridiction.
Cette dernière initiative a d’ailleurs déjà été mise en pratique. « La semaine dernière, nous avons découvert qu’un Portoricain allait être exécuté dans l’État américain de Pennsylvanie », a indiqué Carmelo Campos Cruz, porte-parole de la Coalition portoricaine, en référence à la condamnation d’Edwin Rios Romero. « Le ministre de la Justice a immédiatement déclaré qu’il allait écrire aux autorités de Pennsylvanie. »
La Coalition portoricaine a initié une campagne de courriers afin d’obtenir l’intervention du gouverneur de Pennsylvanie dans cette affaire. Le 5 mars, l’exécution d’Edwin Romero a été reportée.
Le comité de lobbying de la Coalition portoricaine a fait campagne pour l’adoption de ces directives lorsqu’il a pris connaissance de l’existence d’un accord entre les autorités portoricaines et les tribunaux fédéraux sur le transfert de prévenus. « Nous nous sommes dit : Attention ! Porto Rico est sensé être officiellement opposé à la peine de mort », explique Carmelo Campos Cruz.
Le comité a alors organisé une réunion avec le ministre de la Justice et des représentants du ministère pour leur présenter un ensemble de suggestions destinées à protéger les Portoricains faisant l’objet de poursuites pénales devant les tribunaux fédéraux américains. « Leur réponse a été très positive puisqu’ils ont approuvé 80% de nos propositions », a indiqué Carmelo Campos Cruz.

De nouveaux projets juridiques et pédagogiques en préparation

Pour mettre en œuvre davantage de propositions contenues dans son plan d’action, la Coalition portoricaine s’est également tournée vers d’autres représentants du gouvernement. Elle demande notamment que le gouverneur crée une commission qui travaillerait à l’exclusion de Porto Rico du champ d’application de la législation fédérale américaine sur la peine de mort.
La Coalition portoricaine a également proposé au gouverneur de déclarer le 26 avril « Journée nationale contre la peine de mort », commémorant ainsi la date de l’abolition de la peine capitale à Porto Rico en 1929 ; le gouverneur doit encore se prononcer sur cette proposition.
La Coalition portoricaine espère aussi parvenir à un accord avec le ministère de l’Éducation pour diffuser des informations sur la peine de mort dans les écoles.

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