4000 peines de mort commuées au Kenya
Afrique
Le président du Kenya, Mwai Kibaki (photo), a décidé de commuer les sentences des 4000 condamnés à mort du pays en peines de prison à vie le 3 août 2009. Il a cité "l’angoisse injustifiée" dont souffraient ces condamnés. Un communiqué de la présidence a également mentionné les règles strictes en vigueur dans le couloir de la mort kenyan, qui interdisent aux condamnés de travailler et induisent une " oisiveté et par voie de conséquence un impact négative sur la discipline en prison ".
Le Kenya a procédé à sa dernière exécution en 1987, mais les tribunaux continuent à prononcer des condamnations à mort, obligatoires en cas de vol à main armée, de meurtre et de trahison.
Cette application obligatoire de la peine capitale fait l’objet de procédures judiciaires qui ont poussé Kibaki à trancher en faveur des commutations. Avocats chrétiens pour la justice (CLEAR), une organisation kenyane de défense des droits de l’Homme, a contesté trois de ces condamnations avec le soutien du réseau international Death Penalty Project.
Selon Death Penalty Project, "l’impact de ces procédures a été un facteur-clé dans la décision de commuer les sentences de tous les condamnés à mort. Si les contestations avaient abouti, et tous les signes montrent que cela allait être le cas, le gouvernement aurait du faire face à la tâche peu enviable de rejuger individuellement les condamnations de plus de 4 000 condamnés à mort".
Etudes sur l’effet dissuasif de la peine de mort
Kibaki a également demandé à son gouvernement d’établir si la peine de mort a un effet dissuasif au Kenya, où la criminalité fait des ravages.
"C’est un pas en avant pour les droits de l’Homme au Kenya", a déclaré Piers Bannister, expert d’Amnesty International sur la peine de mort. "Nous espérons que les études demandées au gouvernement par le président concluront que la peine de mort n’a aucun effet singulier de dissuasion, qu’elle brutalise la société et qu’elle est souvent infligée aux innocents. Le temps est venu pour le Kenya de rejoindre la majorité des pays du monde et d’abolir la peine de mort", a-t-il ajouté.