Le pardon pour convaincre

Congrès mondial

le 24 février 2010

Pour convaincre, rien de tels que des histoires vécues.
Joaquin José Martinez est un ancien condamné à mort, innocenté puis libéré aux Etats-Unis. A 24 ans raconte-t-il, il est en pleine success story : « l’american dream ». Il aime les grosses voitures, les soirées jet-set, son divorce est en cours mais il a une nouvelle copine. A cette époque, il est pour la peine de mort. Des affiches d’appel à témoins sont placardée partout dans sa ville après un double meurtre. L’homme a été tué par balle, la femme de 30 coups de couteau, le jeune homme était le fils du sheriff. « Alors que je faisais la fête avec ma nouvelle petite amie, j’ai vu des hélicoptères, plusieurs véhicules de police. Mis en joue, j’ai compris qu’ils étaient sérieux . Une fois arrêté, ils m’ont dit avoir une cassette où j’aurais avoué le meurtre».En fait, son ex-femme l’a dénoncé. La cassette est inaudible et le shérif, père de la victime, a rédigé la retranscription. La culpabilité de Martinez ne fait aucun doute pour le procureur et la justice. Il est condamné à mort.La mobilisation internationale, notamment en Europe – même le pape Jean-Paul II a demandé un second procès en sa faveur – permet à sa défense de récolter 1 million de dollars pour faire appel. Le soutien vient en partie d’Ensemble contre la peine de mort. Finalement il sort du couloir de la mort et est réhabilité. « Aujourd’hui je parle à mon ex-femme tous les soirs, c’est la mère de mes filles ». L’important pour lui c’est le pardon : « Je ne peux pas en vouloir à ceux qui m’ont battu, ceux qui m’ont craché dessus en prison, je ne peux leur en vouloir… » Depuis, il raconte.
Autre histoire, celle de Bill Pelke. Une histoire qu’il a déjà racontée plus de 6000 fois, et qu’il dit avec toujours autant d’émotion.Sa grand-mère assassinée chez elle par quatre jeunes filles pour lui voler 10 dollars. Paula Cooper, la meneuse, 15 ans à l’époque, abusée par son père, est condamnée à la peine capitale. Mais peu à peu Bill se dit que le fait de prendre une autre vie ne va pas résoudre ce qui s’est passé. Une journaliste italienne le fait définitivement changer d’avis. Il va en Italie et en revient convaincu : ce n’est pas la bonne réponse. Bill Pelke a mené une campagne contre l’exécution de Paula Cooper. Il reçoit de nombreux soutiens. Finalement son association Journey of Hope… from Violence to Healing obtient gain de cause. « En 2014, quand Paula Cooper sortira nous ferons des conférences ensemble », sourit-il. Pour Bill Pelke, le pardon est un médicament. 
Selon ces deux victimes confrontées directement à la peine de mort, pour convaincre du bien-fondé de l’abolition, mieux vaut insister sur ce dernier point : « La vengeance ou la violence n’est jamais la réponse. La réponse est l’amour et la compassion pour l’humanité entière. »

Regardez aussi le témoignange de Terri Been, soeur d’un condamné à mort :

Atelier du mercredi 24 févrierÉlaboration d’arguments pour convaincre l’opinion publique.

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