Message aux abolitionnistes : saisissez les occasions et misez sur l’éducation

Congrès mondial

le 24 février 2010

Lin Hsinyi, la directrice de l’Alliance taïwanaise pour mettre fin à la peine de mort (TAEDP), a expliqué comment son organisation s’était formée en 2003 pour saisir une occasion offerte par les autorités taïwanaises. « En avril 2000, le président Chen Shui-bian a annoncé que Taïwan allait agir pour l’abolition de la peine de mort. En mai 2001, le ministre de la Justice, Chen Ding-nan, ajoutait que Taïwan mettrait fin à la peine de mort dans les trois ans », a-t-elle rappelé. 

Quelques mois plus tard, des ONG, des militants, des avocats, des universitaires, des étudiants et des journalistes unissaient leurs forces pour prendre les hommes politiques au mot. Leur lutte continue ajourdh’hui. Ils ont depuis établi des liens avec les réseaux abolitionnistes mondiaux et des gouvernements étrangers. Un militant du Ghana a résumé l’argument de Lin par l’expression « identifier les opportunités ». « Par exemple, nous avons actuellement une révision constitutionnelle au Ghana. C’est une opportunité, » a-t-il déclaré.La stratégie de TAEDP pour l’avenir immédiat consiste à mettre en avant des alternatives à la peine de mort, réduire le nombre de crimes punis de mort et étudier les possibilités d’abolition par l’interprétation de la constitution.
La bonne personne pour faire passer le message
Piers Bannister d’Amnesty International a mis en garde les participants contre les difficultés auxquelles se heurtent souvent les stratégies abolitionnistes. Il a évoqué la nécessité de prendre en compte la réalité financière et insisté sur la recherche de la bonne personne pour faire passer le message. Se souvenant de son travail en Jamaïque, il a déclaré non sans ironie : « En tant que Blanc aisé venu de l’ancienne puissance coloniale, je n’étais peut-être pas la meilleure personne pour transmettre le message. » Lorsqu’il a fait intervenir des militants afro-américains et organisé une interview à la radio avec l’archevêque sud-africain Desmond Tutu, sa campagne a pris de l’ampleur.Toshi Kamaza, un photographe ayant travaillé sur la peine de mort et victime lui-même d’une tentative de meurtre, a souligné que l’image peut jouer un rôle important pour montrer aux gens le visage sordide de la peine de mort et les attirer vers la cause abolitionniste. « Même lorsqu’ils supportent la peine de mort, cela les fait réfléchir à deux fois », affirme-t-il.
« Il vous faut une stratégie sur l’éducation ».
Le débat avec le public s’est orienté vers l’importance de l’éducation dans les stratégies abolitionnistes. Philip Iya, un professeur de droit sud-africain emmitouflé dans un manteau et une écharpe de laine pour lutter contre le froid suisse, a affirmé : « Les gens ignorent tout des instruments internationaux, même des instruments nationaux. Il vous faut une stratégie pour l’abolition. »Lin a approuvé et indiqué que l’effort éducatif ne devrait pas seulement cibler le grand public, mais aussi les décideurs comme les parlementaires. Bannister a cité un leader parlementaire de l’état américain de l’Illinois, qui ne savait pas que la peine de mort avait été abolie en Europe. « Elle pensait que le reste du monde continuait à exécuter gaiement », a-t-il expliqué. « Elle a soudain réalisée qu’elle faisait partie d’une minorité. »« C’est toujours satisfaisant de convaincre un stade de football plein de gens, mais c’est mieux de convaincre un dirigeant politique puissant », a-t-il conclu.
Atelier du mercredi 24 févrierÉlaboration de stratégies pour l’abolition.
  

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