Militants et dirigeants politiques font alliance contre la peine capitale

Congrès mondial

le 24 février 2010

Le 4e Congrès mondial contre la peine de mort s’est ouvert mercredi à Genève, en Suisse. Tôt ce matin, une foule d’hommes politiques, d’avocats, de militants et de journalistes a envahi la forteresse du Palais des Nations unies, bientôt rejointe par les représentants des délégations des Etats siégeant à l’ONU. Les traditionnels pays défenseurs de l’abolition de la peine de mort étaient au rendez-vous : la Suisse hôte du Congrès, l’Italie, la France, la Norvège, l’Espagne… Sur les 56 délégations inscrites à la cérémonie d’ouverture il faut également noter la présence de représentants de la Biélorussie, dernier pays du Conseil de l’Europe à pratiquer des exécutions, du Vietnam, de la Mongolie, ou encore du Qatar, pays également rétentionnistes.

Après le discours d’ouverture de Sergei Ordzhonikidze, directeur général de l’office des Nations unies à Genève, Raphaël Chenuil, directeur d’ECPM a tenu à remercier les nombreux partenaires du Congrès, à commencer par la Confédération Suisse et la Coalition mondiale contre la peine de mort.

Les extraits de la séance d’ouverture en vidéo :

S’exprimant au nom de la Coalition mondiale, Elizabeth Zitrin de Death Penalty Focus a rappelé aux participants que « la Coalition mondiale est née du premier Congrès mondial contre la peine de mort. ECPM a allumé la flamme du Congrès et de la Coalition, et nombreux sont ceux qui ont attisé cette flamme. »

Elle a donné un exemple concret de collaboration au-delà des frontières en racontant comment les membres de la Coalition mondiale sont venus soutenir son organisation lors du débat public sur la règlementation relative à la peine de mort en Californie. « Lorsque la lettre de notre membre du Togo, où la peine de mort venait d’être abolie, a été lue en français dans la capitale de la Californie, j’ai pleuré et je savais que nos amis étaient avec nous et que le monde entier regardait », a-t-elle rapporté.

Liberté de ton

La série de discours qui a suivi a surpris. Elle était pourtant prononcée par des politiques, notamment les ministres des affaires étrangères d’Argentine, d’Italie, du Luxembourg et du Bénin. Mais ces officiels ont affiché leur liberté de ton : chacun a clamé son attachement à l’abolition de la peine de mort avec ferveur, foi et conviction.

« La Suisse a proscrit la peine de mort car ce châtiment n’a pas sa place dans la société humaine aujourd’hui », a ainsi asséné Pascale Bruderer, présidente du Conseil national de la Confédération helvétique.

Les discours ont toujours été engagés, souvent émouvants voire provocants comme celui de Bianca Jagger, ambassadrice au Conseil de l’Europe. Elle n’a pas hésité à rappeler l’horreur des mises à mort et à montrer du doigt les Etats-Unis. La pratique de la peine de mort est indigne d’une démocratie, a-t-elle affirmé devant les Américains (souvent de des militants) présents dans la salle. 
Zapatero, Diouf et Badinter parmi les « militants »
José Luis Rodríguez Zapatero, président du gouvernement espagnol (et actuellement de l’Union européenne) a effectué une entrée très remarquée à l’issue de la première séance du Congrès. Il a pris place aux cotés d’Abdou Diouf, ancien président du Sénégal et actuel Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, et de Robert Badinter, ancien ministre de la justice français.

C’est ce dernier qui a ouvert la deuxième partie de la cérémonie, dédiée au plaidoyer. « Je tiens à dire qu’on ne s’y trompe pas, c’est un congrès de militants quelque soit la haute fonction de chacun », a déclaré Badinter en se tournant vers Diouf et Zapatero. Les interventions de ses deux voisins ont confirmé cette assertion. 

« A l’heure actuelle plus des deux tiers des pays membres de l’ONU ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique », a expliqué Zapatero. (…) « L’Espagne et les Espagnols, nous sommes entièrement engagés dans cette lutte contre la peine de mort. Aujourd’hui, je vous annonce une nouvelle étape dans cette lutte : la création d’une commission dédiée à son abolition. La commission intégrera des personnes de haute autorité morale et de toutes les régions du monde ».

Le président de l’exécutif espagnol a conclu la cérémonie sous les applaudissements en invitant solennellement le prochain congrès en Espagne.

Cliquez ici pour télécharger le discours d’Elizabeth Zitrin à la cérémonie d’ouverture du Congrès mondial au nom de la Coalition mondiale (en anglais) EEEE

Catégories

Suisse

Plus d'articles