L’abolition universelle passera par le basculement de 4 pays-clés
Congrès mondial
Les mineurs mis à mort en Iran
Shirin Ebadi, avocate iranienne et prix Nobel de la paix a donné le ton : elle a regretté l’absence de son collègue Mohammed Mostafaie, dont le passeport a été confisqué par les autorités afin qu’il ne se rende pas au Congrès. Avocat spécialisé dans la défense des mineurs condamnés à mort, il dérange…
« L’Iran condamne à mort des enfants. Dans mon pays la loi donne une responsabilité pénale dès l’age de 9 ans pour les filles et de 15 ans pour les garçons », explique-t-elle.
Elle décrit ensuite les différents modes d’exécution dans le pays : pendaisons, fusillade, lapidation. « La taille des pierres est choisie pour que la femme lapidée souffre le plus longtemps possible. »
La Chine, championne du monde des exécutions
La Chine, tout en poursuivant son ascension économique, détient le record du monde du nombre d’exécutions. Depuis 2007, tous les cas de condamnations à mort doivent être renvoyés à la cour suprême, une évolution dans la loi qui est malheureusement peu appliquée sur le terrain où la corruption et trafic d’organes de prisonniers perdurent.
« La peine de mort est perçue par le gouvernement comme l’arme la plus dissuasive contre toute forme d’opposition au régime », déclare Tianyong Jiang, avocat chinois. « La moitié des crimes passibles de la peine de mort le sont pour des activités contre-révolutionnaires, d’opposition au régime, ce qui prouve que le gouvernement utilise la peine de mort pour se maintenir au pouvoir. »
Joey Lee, juriste chinois de Human Rights in China, dénonce l’opacité qui entoure la peine de mort dans son pays. « On sait que la Chine exécute des milliers de personnes, mais l’information est retenue par le gouvernement, ce qui est un obstacle majeur pour sensibiliser l’opinion publique au problème. »
« Il existe en tout 8 dispositions pour classifier secret d’Etat ce qui touche à la peine de mort, le nombre de condamnations à mort, les faits reprochés, l’utilisation des organes des exécutés, les décès inhabituels… tout cela est secret d’Etat. »
« Le représentant chinois à l’ONU a déclaré en 2007 que la Chine réduirait le nombre de crimes passibles de la peine de mort, cela a été fait, il a aussi dit que la Chine abolirait un jour la peine de mort, je n’ai jamais entendu les Etats-Unis déclarer ça », enchaîne Roger Hoods professeur émérite de criminologie à Oxford au Royaume-Uni.
Aux Etats-Unis, le coût de la peine de mort en débat
John Van de Kamp, ancien procureur général de l’Etat de Californie aborde le problème du coût de la peine de mort aux USA, six fois supérieur au coût de la prison à vie en raison de la longue procédure, des appels, de la prise en charge des jurés, des tests et expertises. Actuellement aux Etats-Unis, 3300 personnes sont enfermées dans les couloirs de la mort, générant des coûts énormes.
« Utilisons cet argent pour la prévention de nouveaux crimes, pour indemniser les victimes, pour résoudre les crimes encore non résolus, ce sera plus utile à la société que de venger une seule personne », recommande John Van de Kamp.
Gail Chasey, la parlementaire du Nouveau Mexique qui a œuvré pour l’abolition dans son Etat aborde le problème des erreurs judiciaires dans son pays où la transparence des chiffres permet des études comparatives poussées : « 139 personnes ont été innocentées récemment aux Etats-Unis et ont pu sortir des couloirs de la mort parfois après une vingtaine d’année d’enfermement » Elle enchaîne sur le caractère non dissuasif de la peine capitale : « Une seule exécution a eu lieu en 40 ans au Nouveau Mexique. Un an avant l’exécution il y avait eu 99 crimes, un an après 152 (…) Au New Jersey, les crimes de sang ont baissé de 24% dans les six mois qui ont suivi l’abolition de la peine de mort. »
Au Japon, des condamnés à mort conduits à la folie
Au pays du soleil levant, le condamné à mort attend des années à l’isolement sans jamais connaître la date de son exécution. La famille est également informée à posteriori. D’après les témoignages des avocats des condamnés, les conditions de détention et cette attente sans repères conduisent beaucoup de prisonniers à la folie.
Les couloirs de la mort, fermés à la presse, laissent percer peu d’informations. Les prisonniers, coupés du monde, ne peuvent faire entendre leur voix comme aux Etats-Unis par exemple. « Le mode d’exécution par pendaison n’a pas changé depuis 140 ans au Japon, cela n’arriverait jamais dans un état démocratique où l’opinion publique est informée » dénonce Maiko Tagusari, avocate et militante au Center for Prisoners’ Rights.