L’avenir de la peine de mort aux Etats-Unis
Abolition
Le débat sur la peine de mort aux Etats-Unis a une longue histoire, marquée par la polémique et l’émotion.
Depuis l’abolition nationale de la peine de mort en 1972 et son rétablissement quatre ans plus tard, le nombre d’exécutions a d’abord augmenté, atteignant son maximum en 1998. Il a ensuite diminué pendant la décennie suivante.
Un sondage de 2010 a montré que deux Américains sur trois ne reprocheraient pas à leurs élus de voter en faveur de l’abolition.
Le changement de l’opinion publique sur la peine de mort aux Etats-Unis est probablement du à une combinaison de plusieurs facteurs : une sensibilisation des Américains à la réalité de la peine capitale, y compris ses défauts et ses coûts, et un sentiment que des alternatives sont peut-être préférables.
Le fiasco récent concernant l’importation, jugée illégale par certains, de produits pour les injections létales a aussi attisé un malaise sur l’industrialisation de la peine de mort.
Cependant, c’est à l’intérieur de chaque état américain que se joue l’essentiel du combat abolitionniste, car c’est à ce niveau que se décide l’essentiel de la législation sur la peine de mort.
Kansas : un projet de loi pour l’abolition a été vigoureusement débattu au sénat en 2010 et a abouti à une impasse de 20 voix contre 20. Une nouvelle version et actuellement en cours de discussion. L’état n’a procédé à aucune exécution depuis 1976, et le mouvement abolitionniste, mené par la Kansas Coalition Against the Death Penalty, jouit d’un soutien important parmi les citoyens.
New Hampshire : bien que le congrès du New Hampshire ait adopté un projet de loi abolissant la peine de mort en 2000, le gouverneur lui a opposé son veto. Le gouverneur actuel a promis lui aussi d’user son droit de veto sur n’importe quelle législation contre la peine de mort, même si le couloir de la mort est vide et ne dispose d’aucun équipement d’exécution.
Connecticut : bien qu’un sondage récent a montré que 67 pour cent des électeurs soutiennent la peine de mort, un projet de loi sera bientôt discuté au congrès et il semble avoir des bonnes chances d’être accepté. En réponse au sondage, Ben Jones, directeur exécutif du Connecticut Network to Abolish the Death Penalty, a expliqué : « Dans ce genre de sondage, quand on donne aux gens l’option de la perpétuité réelle, le soutien pour la peine de mort baisse de façon drastique. »
Montana : malgré une campagne soutenue par la Montana Abolition Coalition, le plus récent de plusieurs projets de loi contre la peine de mort a échoué le 19 mars, avec un vote 7-13.
Maryland : après avoir échoué de justesse il y a deux ans, les abolitionnistes du Maryland ont relancé leur campagne en 2011 avec ce qui semble être un fort soutien des députés. Le gouverneur a déclaré qu’il signerait une législation abolitionniste si elle était adoptée.
Nebraska : la semaine dernière, le comité judiciaire a voté de discuter un projet de loi contre la peine de mort. Le débat ne commencera pas probablement avant 2012. Nebraskans Against the Death Penalty a joué un rôle actif dans le lancement et le soutien au nouveau projet de loi.
Texas: bien que Texas soit de loin l’utilisateur le plus fréquent de la peine de mort depuis son rétablissement en 1976, avec plus de 400 exécutions, un projet de loi abolitionniste a été lancé et il sera discuté la semaine prochaine. Le directeur exécutif de la Texas Coalition to Abolish the Death Penalty, Kristin Houlé, a déclaré : « Nous conseillons vivement aux députés d’examiner soigneusement le système de la peine de mort et de se demander si cela est un bon usage des fonds publics quand il y a d’autres moyens de protéger la société et de punir ceux qui sont vraiment coupables. »
Ohio : bien que le gouverneur soit un partisan de la peine de mort, un soutien de plus en plus large se dégage pour un projet de loi abolitionniste actuellement en discussion devant le congrès. Ohioans to Stop Executions, entre autres, mènent la campagne pour soutenir le nouveau projet de loi.