Appels à l’arrêt des exécutions en Gambie
Déclaration
La FIDH et la Coalition mondiale contre la peine de mort dénoncent avec la plus grande vigueur l’exécution le 26 août 2012, selon les autorités gambiennes, de neuf condamnés à mort et appelle instamment le chef de l’État Yahya Jammeh à ne pas procéder à d’autres exécutions. L’appel à la retenue de l’Union africaine (UA), par la voix du Président Boni Yayi, n’ayant pas été entendu, nos organisations appellent l’UA à délocaliser le siège de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP), aujourd’hui situé à Banjul.
Depuis l’annonce faite par le Président Jammeh, lors d’un discours public, d’exécuter tous les condamnés à mort dans le pays, estimés à 47 personnes, avant la mi-septembre, de nombreuses ONG de défense des droits de l’Homme se sont mobilisées. Des États tels que le Sénégal, la France et les États-Unis, ou encore l’Union africaine et l’Union européenne ont également appelé la Gambie à la retenue.
Le Président de l’UA, Boni Yayi, a notamment indiqué son inquiétude et dépêché le ministre béninois des Affaires étrangères, Nassirou Arifari Bako, afin de convaincre le Président Jammeh de ne pas procéder à ces exécutions. Malgré toutes ces exhortations, le régime gambien a confirmé lundi 27 août 2012 que 9 personnes, dont une femme sénégalaise, ont été fusillées la veille, alors que 38 autres, dont des ressortissants d’autres pays ouest-africains, restent dans le couloir de la mort.
« Cet acte odieux et meurtrier marque la reprise des exécutions dans ce pays qui connaissait un moratoire de fait depuis 1985 », a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. « Ces exécutions confirment le comportement rétrograde et irrespectueux des droits humains du régime en place, marqué par des arrestations et détentions arbitraires, des restrictions graves aux libertés fondamentales, des violations de la liberté de l’orientation sexuelle, et des menaces récurrentes contre les défenseurs des droits de l’Homme », a-t-elle ajouté.
Pour Mabassa Fall, représentant de la FIDH auprès de l’Union africaine « ces exécutions constituent un net recul, fort regrettable pour la Gambie, à contre-courant de la tendance régionale et mondiale vers l’abolition de la peine de mort ».
« Le Président Gambien doit immédiatement revenir sur ses positions et s’assurer qu’aucun autre détenu ne soit exécuté, sous peine d’être mis au ban de la communauté internationale », a déclaré Florence Bellivier, présidente de la Coalition mondiale contre la peine de mort.
La FIDH et la Coalition mondiale appellent la communauté internationale, et tout particulièrement les Nations unies, l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, à redoubler d’efforts pour empêcher d’autres exécutions dans le pays. En outre, face à l’indifférence du régime gambien, et compte tenu de la violation des dispositions des articles 4 et 5 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples –comme rappelé par la CADHP le 24 août– nos organisations appellent l’Union africaine à délocaliser le siège de la CADHP dans un autre pays du continent.
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Gambie