Un innocent condamné à mort rencontre les plus hautes instances de l’ONU
Normes internationales
Le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme a organisé son deuxième débat sur la peine de mort le 28 juin 2013. L’événement était intitulé « S’éloigner de la peine de mort : les erreurs judiciaires ».
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a ouvert le débat en déclarant que « prendre la vie au nom de la justice est trop absolu et irréversible ». Il a également annoncé que son prochain rapport sur la question de la peine de mort serait centré sur le secret qui entoure la peine capitale dans certains pays rétentionnistes.
Le secrétaire général adjoint de l’ONU aux droits de l´homme Ivan Šimonovic a animé la discussion, qui a notamment porté sur l’affaire des West Memphis Three. L’un des participants, Damien Echols, a été condamné à mort pour triple meurtre et libéré après 18 ans passés dans le couloir de la mort. Bien que son innocence soit établie, il a dû accepter de plaider coupable d’un crime qu’il na pas commis pour obtenir une peine plus légère.
Echols a déclaré : « J’ai été condamné à mort non pas une ou deux fois mais trois fois, et le juge a lu ces trois sentences d’une voix monotone comme si c’était une journée au bureau comme les autres alors que moi, j’avais l’impression de me prendre trois coups de poing dans la figure. »
Il a également décrit les tortures qu’il a subies en prison et dénoncé un système qui ne fonctionne pas et ne respecte pas les normes attendues des pays qui continuent à appliquer la peine de mort.
Le professeur Brandon L. Garrett, auteur du livre Convicting the Innocent: Where the Criminal Prosecutions Go Wrong, a lui aussi parlé des dysfonctionnements judiciaires aux Etats-Unis.
Erreurs judiciaires en Asie, dans les Caraïbes et en Afrique
Saul Lehrfreund a présenté des cas d’erreurs judiciaires en Asie, dans les Caraïbes et en Afrique. Le co-directeur de Death Penalty Project, une organisation membre de la Coalition mondiale, a souligné les difficultés rencontrées par les avocats dans des pays comme le Malawi ou certains États des Caraïbes.
Il a expliqué que même si les systèmes judiciaires des pays rétenionnistes pouvaient atteindre la perfection dans un monde idéal, la peine de mort demeurerait une forme de torture à abolir.
La présence du secrétaire général répondait aux appels du haut-commissaire aux droits de l’Homme Navi Pillay au développement d’un débat sur la peine de mort aux Nations unies. Elle a affirmé son opposition à la peine de mort en toutes circonstances, citant « la nature fondamentale du droit à la vie, le risque inacceptable d’exécuter des innocents par erreur, l’absence de preuve du caractère dissuasif de la peine de mort, et (…) le caractère vengeur inapproprié de cette sentence ».
Ce débat faisait suite à un premier événement sur la peine de mort en 2012, centré sur les expériences nationales. Kirk Bloodsworth de Witness to Innocence et Maiko Tagusari de Center for Prisoners’ Rights, tous deux membres de la Coalition mondiale, s’étaient exprimés à cette occasion.
Le débat doit se poursuivre en préparation du rapport que le secrétaire général remettra à l’Assemblée générale en 2014 sur l’application de la résolution appelant à moratoire sur l’utilisation de la peine de mort, en vue d’une éventuelle cinquième résolution sur ce sujet.
Le Haut-commissariat aux droits de l’Homme doit conclure cette série de débats sur l’évolution vers l’abolition de la peine de mort en abordant deux thèmes-clés : la dissuasion et la discrimination.