Actions, prises de position et informations contre la peine de mort au Caraïbes

Caraïbes

Publié par Thomas Hubert, le 11 octobre 2013

Jamais la Journée mondiale contre la peine de mort n’avait été aussi visible dans les Caraïbes. Choisie comme thème central de l’événement abolitionniste annuel à l’échelle internationale, la région a vu les citoyens de Trinité-et-Tobago invités à la projection gratuite d’un documentaire sur la peine capitale, les Portoricains ont pu rencontrer le Dr Luis Arroyo Zapatero, directeur du Réseau international universitaire pour l’abolition de la peine de mort ou suivre une conférence sur la critique de la peine capitale dans l’œuvre du célèbre peintre espagnol Francisco de Goya, un groupe d’anciens condamnés à mort et d’avocats a accompli une tournée dans trois îles des Antilles et la Commission nationale des droits de l’Homme du Mexique a consacré une demi-journée à la question de la peine capitale en compagnie de diplomates, d’universitaires et de militants. Ce n’est là qu’un aperçu des actions menées dans la région.
Les médias locaux ont eux aussi élargi l’espace consacré au débat sur la peine de mort.

"S’attaquer à la criminalité sans avoir recours à la peine de mort"

Le nouveau Réseau caribéen pour la vie a publié un communiqué pour la Journée mondiale, appelant « les gouvernements des pays qui conservent la peine de mort dans les Caraïbes à s’attaque de façon urgente et efficace à la criminalité, mais sans avoir recours à la peine de mort ».
Cet appel a été lancé par les représentants de la société civile de 12 pays des Caraïbes réunis le 1er et le 2 octobre à Port of Spain (Trinité-et-Tobago) pour débattre de la question de la peine de mort dans le contexte de la sécurité publique.
« Le nombre de meurtres a augmenté dans les Caraïbes au cours des 10 dernières années. Face à cette hausse de la criminalité, les gouvernements présentent la peine de mort comme une mesure de contrôle du crime, malgré l’absence de preuves quant à son effet dissuasif, et n’investissent pas dans des solutions plus efficaces qui permettraient de prévenir ou de réprimer le crime à long terme et répondraient aux besoins des victimes au moyen d’une approche réparatrice de la justice », affirme le Réseau caribéen pour la vie.
Regardez et partagez les vidéos ci-dessous dans lesquelles cinq militants caribéens parlent de leur combat quotidien contre la peine capitale :

Les taux d’homicides les plus élevés dans les pays caribéens rétentionnistes

Amnesty International, organisation membre de la Coalition mondiale, soutient cette position avec « Not making us safer », une analyse détaillée de la criminalité, de la sécurité publique et de la peine de mort publiée le 10 octobre.
Le document rassemble des données complètes sur les taux de criminalité, le statut de la peine de mort et le droit international dans plusieurs régions du monde et conclut : « Dans les Caraïbes, il n’y a pas de corrélation entre le maintien de la peine de mort et la baisse des taux de criminalité. Six des 10 pays qui ont le taux d’homicide le plus élevé de la région conservent la peine de mort (les Bahamas, Belize, le Guatemala, la Jamaïque, St Kitts-et-Nevis et Trinité-et-Tobago). À St Kitts-et-Nevis, le nombre de meurtres est même passé de 23 à 27 dans l’année qui a suivi l’exécution de Charles Elroy Laplace en décembre 2008. »
Dans un communiqué publié à l’occasion de la Journée mondiale, la Commission inter-américaine des droits de l’Homme (CIADH) a elle aussi « appelé tous les États membres de l’OEA qui utilisent encore la peine de mort à l’abolir ou au moins à mettre en place un moratoire sur son application ».
La CIADH est l’organe de protection des droits de l’Homme de l’Organisation des États américains (OEA).
Elle a salué des progrès dans la région, notamment dans la réduction du nombre de peines de mort automatiques : « Le développement des standards inter-américains établissant que la peine de mort contrevient à la Convention américaine et à la Déclaration américaine [des droits de l’Homme], ainsi que l’interaction entre les organes des droits de l’Homme inter-américains et les instances judiciaires du Commonwealth, entre autres facteurs, ont permis des progrès dans l’élimination des peines de mort automatiques dans la majorité des pays caribéens. La CIADH s’attend à de nouveaux progrès dans cette direction jusqu’à ce que les peines de mort automatiques soient abolies dans tous les pays de la région. »

Deux pétitions ouvertes aux signatures à l’occasion de la Journée mondiale

La Coalition mondiale a lancé une pétition demandant à la Barbade et à Trinité-et-Tobago de supprimer ces peines plancher, qui imposent la mort sans possibilité de circonstances atténuantes.
Une autre pétition appelle à l’abolition totale au Guatemala, et une délégation de la Coalition mondiale a rendu visite à l’ambassade guatémaltèque à Paris lors de la Journée mondiale pour remettre le texte de la pétition aux autorités du pays.

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