Les abolitionnistes outrés par les condamnations au Bangladesh
Asie
Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a declaré : « Justice ne sera pas faite en menant des procès collectifs de centaines d’individus, en torturant les suspects en détention et en les condamnant à mort après des procès ne respectant pas les normes de procédure équitable les plus élémentaires. »
En écho à cette déclaration, Human Rights Watch a estimé : « Juger des centaines de personnes en masse dans une salle d’audience géante où les accusés ont peu ou pas accès à des avocats est un affront aux normes judiciaires internationales. »
Florence Bellivier, présidente de la Coalition mondiale et représentante de la FIDH sur la peine de mort, a déclaré : « Le gouvernement du Bangladesh devrait se joindre à la tendance internationale vers l’abolition de la peine de mort et commuer immédiatement toutes les condamnations à mort en peines moins sévères. »
D’autres pays ont eu recours à des condamnations à mort collectives de ce type ces dernières années. Comme la Coalition mondiale l’avait rapporté, 17 Indiens avaient ainsi été condamnés à mort pour le meurtre d’un Pakistanais aux Émirats Arabes Unis en 2010.
« Un désir cruel de vengeance »
Ces gardes-frontières bangladais (appelés Bangladesh Rifles à l’époque des faits) ont été reconnus coupables des crimes commis lors de leur mutinerie, notamment le meurtre de 74 personnes et des agressions sexuelles contre de nombreuses femmes.
Certains observateurs estiment que la colère populaire contre cette unité paramilitaire a favorisé la condamnation la plus lourde possible.
Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique à Amnesty International, a déclaré : « Avec ces condamnations, le Bangladesh a laissé passer une occasion de rétablir la confiance en l’état de droit en veillant à ce que les tribunaux civils rendent justice. Ces condamnations semblent au contraire vouloir satisfaire un désir cruel de vengeance. »
Les avocats des condamnés à mort on indiqué qu’ils allaient faire appel.
Un millier de condamnés à mort au Bangladesh
Les mutins représentent à eux seuls plus de 10 % de la population du couloir de la mort du pays, qui accueille plus de 1 000 personnes.
Le Bangladesh prononce régulièrement la peine capitale depuis une dizaine d’année. Cependant, les chiffres de cette année dépasseront largement les 45 condamnations de 2012.
Le Bangladesh procède également à des exécutions régulières par pendaison.
Photo : Mujib Mehdy