Les membres de la Coalition mondiale appellent à la vigilance sur l’Iran

Publié par Thomas Hubert, le 31 mars 2014

Selon le Rapport annuel 2013 sur la peine de mort en Iran publié par les organisations membres de la Coalition mondiale Iran Human Rights (IHR ) et Ensemble contre la peine de mort (ECPM), la plupart des 687 élections confirmées l’année dernière ont eu lieu après l’élection d’un nouveau président vu comme un réformateur.
« Il n’y a plus aucun doute : la période qui a suivi l’élection d’Hassan Rohani n’a vu aucune amélioration sur le terrain des droits de l’Homme », déclare Mahmood Amiry-Moghaddam, fondateur et porte-parole d’IHR. Il souligne que l’utilisation de la peine de mort a augmenté pendant que les négociations dites 5+1 sur le programme nucléaire iranien progressaient au niveau international. « Les deux tiers des exécutions ont eu lieu après l’élection, pendant que l’Occident améliorait ses relations avec l’Iran. Aujourd’hui, aucun dirigeant occidental ne peut se rendre en Iran sans mentionner la peine de mort », ajoute-t-il.
Le rapport compile des sources officielles et des informations sur les exécutions secrètes fournies par des correspondants en Iran pour détailler des tendances comme l’utilisation disproportionnée de la peine capitale contre les trafiquants de drogue, les étrangers et les minorités ethniques ou la poursuite des condamnations et des exécutions de mineurs.

« La peine de mort, un indicateur-clé de la situation des droits de l’Homme en Iran »

À la suite d’appels répétés des abolitionnistes, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a renouvelé le 28 mars le mandat de son rapporteur spécial sur l’Iran, Ahmed Shaheed.
Le directeur général d’ECPM, Raphaël Chenuil-Hazan, décrit « la peine de mort comme un indicateur-clé de la situation des droits de l’Homme en Iran et partout ailleurs » et le rapporteur comme « un mécanisme indépendant fondamental pour surveiller la situation des droits de l’Homme en Iran ». Il a déclaré lors d’une conférence sur l’Iran en marge du Conseil des droits de l’Homme le 18 mars 2014 : « Nous appelons le gouvernement iranien à autoriser Ahmed Shaheed à visiter l’Iran et ses prisons afin d’évaluer la situation des exécutions et des condamnations et d’obtenir plus de transparence. »
IHR et ECPM ont présenté le rapport au Parlement du Royaume-Uni le 11 mars 2014 devant un groupe de parlementaires britanniques, de militants et journalistes locaux et iraniens et de visiteurs venus de pays aussi éloignés que le Liban. « Se faire connaître auprès d’une audience intéressée par la peine de mort et les droits de l’Homme en Iran est une première étape vers une collaboration avec des politiques et des ONG », explique Mahmood Amiry-Moghaddam.
L’événement lui a donné l’occasion de se faire interviewer par des médias basés à Londres et diffusés en Iran. Il rappelle que la présentation de précédents rapports annuels a permis de tisser des liens avec d’autres personnes intéressées par la connaissance détaillée qu’IHR possède des questions relatives à la peine de mort en Iran. Le lancement du rapport 2009 avec Amnesty International au Sénat italien a ainsi débouché sur la création d’une section d’IHR en Italie.

Collaboration entre membres de la Coalition mondiale

Depuis trois ans, ECPM assiste IHR pour la finalisation, la publication et la présentation de ses rapports annuels. « Cette collaboration est un exemple de ce qui peut rendre nos efforts plus efficaces », déclare Mahmood Amiry-Moghaddam. Raphaël Chenuil-Hazan ajoute que d’autres réunions internationales sont prévues, notamment une présentation au parlement suisse en juin.
Bien que les possibilités d’action à l’intérieur de l’Iran soient limitées, la Coalition mondiale et ses membres agissent au niveau des organisations internationales pour accroître la pression sur l’Iran et sur ses partenaires. Mahmood Amiry-Moghaddam cite l’exemple des programmes de coopération antidrogue sous les auspices de l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC) : « Ils ont félicité les autorités iraniennes pour avoir saisi la plus grande quantité d’opium au monde, mais ils n’ont pas mentionné les centaines d’exécutions pour trafic de drogue. Nous disons : les choses ne s’arrêtent pas là. »
Raphaël Chenuil-Hazan a déclaré à Londres : « Avec la Coalition mondiale contre la peine de mort, nous avons demandé directement à plusieurs gouvernements européens d’arrêter de soutenir les activités de répression du trafic de drogue dans leur coopération avec l’ONUDC. Le Royaume-Uni et le Danemark ont mis fin à une partie de leur coopération » à la suite d’une action de lobbying menée par deux autres organisations membres, Reprieve et Harm Reduction international.
Le plaidoyer international sur l’Iran permet aussi de mettre en évidence des aspects moins connus de la peine de mort dans le pays. L’événement du 18 mars était ainsi organisé par l’Association pour les droits de l’Homme au Kurdistan iranien-Genève (KMMK-G), un nouveau membre de la Coalition mondiale, et il a mis l’accent sur la discrimination ethnique dans l’administration de la peine capitale.
« L’Iran est un pays multiethnique et les problèmes de la peine de mort y sont encore plus graves à l’encontre des minorités ethniques », explique Mahmood Amiry-Moghaddam au sujet des communautés Kurde, Arabe et Baloutche de la périphérie iranienne. « Ce sont traditionnellement les événements du centre du pays qui attirent l’attention internationale, mais nous voulons changer cela. »

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