Le lobbying des ONG abolitionnistes pour éduquer les États membres de l’ONU à Genève
Normes internationales
Les ONG abolitionnistes ont un rôle majeur à jouer dans le mécanisme de l’Examen périodique universel, au cours duquel chaque État membre des Nations unies voit son bilan en matière de droits de l’Homme examiné par ses pairs. En plus d’écrire un rapport sur la peine de mort dans leur pays, elles peuvent faire pression sur les États membres de l’ONU pour éduquer leurs représentants sur les questions et les préoccupations à soulever lors de l’examen. Ce plaidoyer peut cibler les ambassades, les consulats et les missions auprès des Nations unies à Genève.
Les pré-sessions de UPR-Info
UPR-Info est une ONG basée à Genève qui facilite la participation des ONG au processus de l’EPU. Elle organise par exemple des réunions d’une heure entre les ONG et les États membres de l’ONU pour partager leurs connaissances sur la situation de la peine de mort dans les pays qui seront examinés lors de la prochaine session de l’EPU.
« Les pré-sessions offrent aux délégations permanentes la possibilité d’être informées sur l’état de la mise en œuvre des recommandations formulées lors de l’examen précédent, tout en offrant un espace à la société civile pour informer un grand nombre de délégations sur leurs besoins et la situation sur le terrain. » indique UPR-Info sur son site.
En amont de la 22e session de l’Examen périodique universel qui se tiendra fin avril-début mai 2015 à Genève, la FIACAT, son membre affilié l’ACAT Libéria et la Coalition mondiale ont participé à l’une de ces pré-sessions pour faire part de leurs préoccupations concernant les droits de l’Homme au Liberia. En complément, des actions de plaidoyer bilatérales ont été menées avec des représentants d’États membres de l’ONU intéressés par la question. Des échanges avec le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme ont aussi permis de s’assurer du suivi pérenne de la situation au Liberia.
Rendez-vous au Serpentine
Une alternative à cette pré-session (où le nombre d’ONG ayant la parole est limité) est le lobbying direct au cours de la session du Conseil des droits de l’Homme précédant la session de l’EPU. Là, le travail est très différent de celui des réunions de pré-session bien organisées.
Ceux qui étaient présents au Conseil des droits de l’Hhomme au cours de la dernière semaine de mars n’ont pas pu manquer l’équipe de bénévoles dévoués des Advocates For Human Rights, parcourant les lieux les mains pleines de documents entre la principale salle du Conseil, le bar Serpentine et les événements parallèles.
Joan Kuriansky, l’une des bénévoles, raconte : « Le bar Serpentine dans le bâtiment E, connu pour être la maison du Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, en Suisse (…) est situé deux étages en-dessous de la salle formelle du Conseil. (…) C’est une plaque tournante de l’activité, face à un doux paysage genevois. Les délégués et les ONG y sont engagés dans des conversations sérieuses pour apprendre les uns des autres et essayer de se persuader mutuellement. Parmi les nombreuses actions que j’ai menées ici au cours de ma semaine de « travail », le plaidoyer au bar Serpentine a été l’une des plus stimulantes. (…) Mes collègues et moi sommes littéralement réunis avec des délégués du monde entier. (…) Non seulement nous partageons nos recommandations et nos documents avec les délégués, mais nous avons aussi la chance d’apprendre sur les valeurs et la politique de pays que nous pourrions ne jamais visiter. »
Lisa Borden, une autre bénévole, témoigne qu’avant ce voyage elle n’avait jamais pensé aux façons d’utiliser la pression internationale pour apporter des modifications aux lois sur la peine de mort aux États-Unis. « Cela m’a ouvert les yeux sur une nouvelle voie pour peut-être faire avancer les choses ».
Au cours de la semaine, Lisa Borden a abordé des délégués de pays cibles pré-identifiés, leur a remis un synopsis d’une page avec des propositions de recommandations et leur a donné rendez-vous au bar Serpentine de l’ONU. Les réunions duraient généralement entre cinq et 30 minutes. « Les pays sont à la recherche de recommandations que les États-Unis pourrait réellement écouter, » précise-t-elle.
Les délégués de tous les pays auront un total de trois heures et demie pour faire des recommandations aux États-Unis, ce qui ne donne à chaque nation que quelques minutes pour aborder tous les sujets des droits de l’Homme. « Il faut être d’une précision digne d’un laser, » ajoute Lisa Borden.