Séminaire Est-Africain sur les bonnes pratiques au Kenya : Un rassemblement clé pour le mouvement abolitionniste africain
Afrique
Un moment privilégié pour échanger sur les différentes dynamiques abolitionnistes en Afrique
Dans le cadre du projet Africabolition, la Coalition mondiale contre la peine de mort (Coalition mondiale) et la FIACAT (Fédération internationale des ACATS) ont organisé un séminaire pour les membres africains anglophones du 19 au 26 juin 2023 à Nairobi, au Kenya.
ICJ Kenya, une organisation de défense des droits de l’homme basée à Nairobi et membre de la Coalition mondiale, a accueilli ce séminaire. Pendant les quatre jours de formation, un total de 30 participants représentant les membres suivants se sont réunis : ACAT Ghana, ACAT Liberia, Amnesty International Zimbabwe, Avocat Sans Frontières Nigeria, Children Education Society (Tanzanie), Ditshwanelo (Botswana), ICJ Kenya, Kenya Human Rights Commission, Foundation for Human Rights Initiative (Ouganda), HURILAWS (Nigeria), Legal and Human Rights Centre (Tanzanie), Penal Reform Internation (Ouganda), Prisonners Future Fondation (Zambie), Reprieve (Kenya & Reprieve (Kenya et Malawi), Society for Human Rights and Development Organisation (Sierra Leone).
Dans son discours de bienvenue, Elsy Sainna, directrice exécutive de ICJ Kenya, a appelé toutes les organisations présentes à poursuivre la lutte pour les droits de l’homme en Afrique en faisant pression pour l’abolition de la peine de mort sur l’ensemble du continent, donnant ainsi le ton du séminaire. Ce séminaire a été l’occasion d’échanger des expériences entre les pays abolitionnistes tels que la Sierra Leone et la Zambie, ceux qui sont rétentionnistes et continuent de condamner à la peine de mort mais ne procèdent plus à des exécutions depuis au moins 10 ans tels que le Nigeria, le Kenya et l’Ouganda et ceux qui procèdent encore à des exécutions, tels que le Botswana. Globalement, l’objectif du séminaire était de partager les meilleures pratiques afin de faire progresser la tendance abolitionniste croissante en Afrique.
Une session de formation abordant des points cruciaux pour le mouvement abolitionniste sur le continent
La première journée a été l’occasion de réfléchir à une série de questions, notamment à la manière de construire un récit approprié pour sensibiliser à l’importance de l’abolition de la peine de mort, ainsi qu’à la manière de construire une mission de plaidoyer et de gérer les obstacles potentiels. Pour étayer ces réflexions, certains participants ont présenté la situation de la peine de mort dans leurs pays respectifs et les différentes stratégies de plaidoyer adoptées, qui ont conduit à des succès abolitionnistes dans certains cas, comme en Sierra Leone et en Zambie en 2022, tandis que dans d’autres, la lutte abolitionniste se poursuit, comme au Libéria et au Malawi.
Les réflexions se sont poursuivies le lendemain avec un module sur la manière de plaider auprès des Nations unies (ONU). Ce module a été l’occasion de découvrir en profondeur les mécanismes de l’ONU, en particulier les Organes conventionnels et l’Examen Périodique Universel. Il a été ponctué de travaux pratiques en groupe, tels que la rédaction d’un rapport ou l’élaboration d’une stratégie de suivi pour obtenir des résultats. Le troisième jour a été consacré à la recherche de financements pour le mouvement abolitionniste et à la manière de mener une gestion financière efficace, un élément crucial pour parvenir à l’abolition. Le module financier a permis aux participants d’approfondir le cadre utilisé par les bailleurs de fonds, tel que le cadre logique exigé par de nombreux bailleurs pour montrer la progression logique d’un projet vers ses objectifs. Un autre point clé soulevé a été l’importance de documenter correctement toutes les dépenses quotidiennes et la nécessité de maintenir une méthodologie de suivi financier cohérente au fil du temps. Des exercices de groupe ont été menés pour consolider ces concepts théoriques dans la pratique, par exemple en organisant une mission internationale fictive et en documentant tous les coûts impliqués.
La peine de mort à la lumière des mécanismes africains de protection des droits de l’homme et de la perspective de genre
Le dernier jour du séminaire a été consacré au projet de protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (projet de protocole), suivi d’un module sur le genre et le plaidoyer. Le premier module fut animé par Ntandokayise Ndhlovu, membre du groupe de travail de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) sur la peine de mort, les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires et les disparitions forcées en Afrique. Sa présentation souligne le rôle clé des instruments régionaux protégeant et promouvant le droit à la vie, parmi lesquels la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et les mécanismes connexes veillant à son respect, tels que la CADHP. En groupes, les participants ont ensuite travaillé sur la manière d’élaborer une stratégie de plaidoyer réaliste et adaptée à la situation de chaque pays, afin d’obtenir un soutien en faveur de l’adoption du projet de protocole et, ce faisant, de renforcer la protection du droit à la vie pour les nations africaines qui ont aboli la peine de mort.
La présentation du dernier jour, animée par Nathalie Greenfield du Cornell Center on the Death Penalty Worldwide et Amy Bergquist de The Advocates for Humans Rights, a ouvert la discussion sur l’approche de la peine de mort sous l’angle de l’égalité entre les hommes et les femmes. Cet atelier a été l’occasion de mettre en lumière des thèmes intrinsèquement liés aux femmes condamnées à mort, tels que la violence fondée sur le genre et les traumatismes qui peuvent en résulter. Après avoir exposé les schémas systémiques qui sous-tendent les cas de femmes condamnées à la peine capitale, les participants se sont réunis pour mener des entretiens d’enquête en répondant à des scénarios inspirés de cas réels de femmes condamnées.
Enfin, après une réunion intensive de quatre jours, le séminaire s’est achevé par une cérémonie de remise des diplômes, laissant les participants pleins de motivation et de ressources pour poursuivre le combat abolitionniste. « Le séminaire m’a permis de découvrir différentes stratégies de plaidoyer. J’ai également appris des bonnes pratiques de collègues d’autres pays« , explique une participante, tandis qu’une autre déclare : « Les orateurs n’étaient pas seulement compétents dans leur domaine de formation, mais ils étaient également engageants et ont suscité des conversations importantes qui ont permis un partage et un échange de connaissances entre tous ».
Après le séminaire, les participants ont assisté à l’Assemblée générale de la Coalition mondiale qui s’est également tenue à Nairobi (Kenya) les 23 et 24 juin 2023.
Photo : Participants au séminaire. Copyright Coalition mondiale contre la peine de mort, juin 2022.