La Coalition mondiale publie un rapport cartographique sur les femmes dans le couloir de la mort
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Afin d’obtenir une vision globale des données existantes sur les femmes condamnées à mort, la Coalition mondiale a réalisé un exercice de systématisation de ces données, compilé dans un rapport publié en août 2023.
En 2021, la Journée mondiale contre la peine de mort du 10 octobre a été consacrée à la réalité invisible des femmes dans le couloir de la mort. Pour préparer cette journée, les membres de la Coalition mondiale contre la peine de mort (Coalition mondiale) ont mené des recherches pour documenter la situation des femmes condamnées à mort dans leurs pays.
DES FEMMES SE TROUVENT DANS LE COULOIR DE LA MORT DANS LA MAJORITÉ DES PAYS QUI COMPTENT PLUS DE TROIS PERSONNES CONDAMNÉES À MORT
Ce rapport fait état, en décembre 2022, de la présence de femmes dans le couloir de la mort dans au moins 42 des 78 pays rétentionnistes et abolitionnistes en pratique dans le monde (54 %). Plus précisément, il révèle que parmi les 59 pays comptant plus de 3 condamné·es à mort, 71 % (32 pays rétentionnistes et 10 pays abolitionnistes en pratique) ont des femmes dans le couloir de la mort. Ces résultats suggèrent que lorsqu’un pays rétentionniste ou abolitionniste en pratique n’a pas de femmes dans le couloir de la mort, c’est souvent parce qu’il n’y a pas ou très peu de personnes dans le couloir de la mort. Parmi les pays ayant plus de 3 personnes dans le couloir de la mort, il est très probable qu’il n’y ait aucune femme dans le couloir de la mort dans seulement 9 d’entre eux (7 rétentionnistes et 2 abolitionnistes en pratique). Le rapport révèle qu’au moins 5 de ces pays comptaient des femmes dans les couloirs de la mort durant les années 2000. Le rapport note également que dans les 8 pays suivants, la Coalition mondiale n’a pas été en mesure d’obtenir des informations fiables sur la présence de femmes dans le couloir de la mort : Afghanistan, Algérie, Laos, Libye, Palestine, Somalie, Corée du Sud et Syrie.
L’ACCÈS À DES DONNÉES PRÉCISES SUR LES FEMMES ET LA PEINE DE MORT EST DIFFICILE
Le rapport illustre en effet à quel point il est difficile d’obtenir des informations sur les femmes dans le couloir de la mort. Par exemple, il pointe l’absence de données précises sur le nombre de femmes dans le couloir de la mort dans 12 pays rétentionnistes des 42 pays où nous savons que des femmes sont actuellement dans le couloir de la mort. Pour de nombreux pays, ce défi n’est pas propre aux données sur les femmes mais concerne toutes les condamnations à mort. Le rapport note cependant que pour certains pays, comme Singapour et le Soudan, l’absence de données ou d’estimations sur le nombre de personnes dans le couloir de la mort est propre aux femmes.
Le rapport souligne également le manque de données qualitatives. En effet, les données sur les crimes et les profils des femmes condamnées à mort sont limitées, surtout si on les compare aux données existantes sur les crimes et les profils des hommes dans le couloir de la mort. Le rapport indique que cela pourrait s’expliquer en partie par la faible prise en compte des enjeux de genre par la société civile abolitionniste et confirme la nécessité de promouvoir une recherche et une analyse approfondie sur ces questions.
Les données recueillies dans le rapport montrent que la plupart des pays qui comptent le plus de femmes dans le couloir de la mort et le pourcentage le plus élevé de femmes dans le couloir de la mort sont des pays rétentionnistes. Il existe toutefois quelques exceptions, comme le Niger, le Liban, le Kenya ou les Maldives, qui sont des pays abolitionnistes en pratique où le nombre de femmes condamnées à mort et/ou le pourcentage de femmes dans le couloir de la mort sont élevés (voir le rapport pour plus de détails).
AU COURS DES DIX DERNIÈRES ANNÉES, 14 PAYS ONT EXÉCUTÉ DES FEMMES
Les résultats de la cartographie révèlent également qu’au cours des 10 dernières années, nous savons que des femmes ont été exécutées dans les 14 pays suivants : Afghanistan, Arabie Saoudite, Chine, Corée du Nord, Égypte, États-Unis, Gambie, Indonésie, Irak, Iran, Jordanie, Koweït, Oman et Somalie. Il est intéressant de noter que les pays qui exécutent le plus de femmes sont également ceux qui exécutent le plus de personnes en général, à savoir la Chine, l’Iran, l’Irak et l’Arabie saoudite.
Le rapport conclut en mentionnant que les facteurs qui expliquent la présence plus ou moins importante de femmes dans le couloir de la mort ne sont pas encore clairs et qu’une analyse plus approfondie est nécessaire. Cette analyse devrait inclure, sans s’y limiter, une analyse de la répartition par genre de la population carcérale générale, des pratiques policières, de l’égalité de genre et du type d’infractions pour lesquelles les femmes sont emprisonnées. Le rapport souligne également la nécessité de poursuivre les recherches sur les personnes transgenres et non-conformes au genre et la peine de mort, dans la mesure où les informations relatives à ces populations restent très limitées et souvent inexactes, car elles suivent un format purement binaire.
Lire le rapport complet ici.
Si vous possédez des informations complémentaires, vous pouvez contacter la Responsable de projets femmes et genre de la Coalition Mondiale Méline Szwarcberg à l’adresse suivante : mszwarcberg [@] worldcoalition.org
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