L’évolution sans précédent des attitudes à l’égard de l’abolition aux États-Unis

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Publié par Coalition mondiale contre la peine de mort, le 22 mars 2024

Le rapport 2023 du Centre d’information sur la peine de mort (Death Penalty Information Center) met en évidence une tendance croissante à l’abolition aux États-Unis, qui se traduit par une diminution du nombre d’États procédant à des exécutions et par un soutien accru aux personnes clamant leur innocence.

En 2023, les États-Unis ont connu 24 exécutions, 21 condamnations à mort et trois personnes innocentées, reflétant cette tendance évolutive. 

Evolution permanente vers l’abolition

L’opinion publique américaine est de plus en plus sceptique quant à la juste application de la peine de mort. L’enquête Gallup sur la criminalité a demandé aux Américains de se prononcer sur sur la juste application de la peine de mort. Les résultats montrent qu’ils sont plus nombreux à penser que la peine de mort est appliquée de manière injuste (50 %) que de manière juste (47 %). L’enquête affirme que 53 % des Américains sont favorables à la peine de mort, ce qui représente le chiffre le plus bas depuis mars 1972. Les résultats de 2019 indiquent que le soutien à la peine de mort chute encore plus bas (36 %) lorsque les personnes interrogées ont la possibilité d’opter pour la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. L’année 2023 est également la 9th première année consécutive au cours de laquelle moins de 30 personnes ont été exécutées et moins de 50 condamnées à mort. Cela marque un écart notable par rapport aux taux d’exécution historiques. 

John Huffington, Jesse Johnson et Glynn Simmons ont été disculpés en 2023 après avoir été emprisonnés à tort pendant 109 ans. John Huffington a bénéficié d’une grace totale sur la base de preuves concluantes de son innocence, ce qui a conduit à sa libération. De même, Jesse Johnson a été libéré dans l’Oregon en raison d’une représentation inefficace et de l’absence de preuves essentielles. Glynn Simmons, condamné à mort en Oklahoma, a été disculpé après 48 ans, les procureurs ayant omis de divulguer des preuves disculpatoires. Malgré leur libération, ces cas soulignent les failles systémiques du système de justice pénale.

La plupart des prisonniers exécutés ne seraient probablement pas condamnés à mort aujourd’hui  

Les prisonnier·ère·s exécuté·e·s ont passé en moyenne près de 23 ans dans le couloir de la mort, soit la durée la plus longue de l’ère moderne. Cette incarcération prolongée a été associée à des effets négatifs sur la santé mentale, car de nombreu·x·ses prisonnier·ère·s dans le couloir de la mort voient leur état de santé mentale s’aggraver. Des changements significatifs dans les cadres juridiques et la compréhension de la société suggèrent que bon nombre des personnes exécutées n’auraient pas été condamnées à la peine de mort dans les circonstances actuelles, notamment l’introduction de la perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle comme peine alternative, et les progrès dans la compréhension de la santé mentale et des traumatismes, qui ont considérablement renforcé les arguments en faveur des peines alternatives au fil des ans. En outre, les affaires d’innocence très médiatisées ont fait l’objet d’une grande attention de la part des médias, mais n’ont pas trouvé d’issue devant les tribunaux. Les affaires d’innocence ont dominé l’attention des médias sur les affaires de peine de mort en 2023, mais au cours des dix dernières années, seules 15 mesures de clémence ont été accordées. En Floride, par exemple, la Cour suprême a rejeté des requêtes mettant en cause l’équité du processus de clémence, ce qui a entraîné l’exécution de Darryl Barwick et de Michael Zack, mettant en lumière les difficultés d’accès à la clémence et révélant les failles du système juridique lorsqu’il s’agit de protéger des personnes innocentes. 

En août 2023, l’Alabama a dévoilé une nouvelle méthode d’exécution utilisant la suffocation à l’azote.  Les autorités de l’Alabama ont demandé à la Cour suprême d’approuver la fixation d’une date d’exécution pour Kenneth Smith, qui avait survécu à une première tentative d’exécution ratée en 2022. Ces événements ont intensifié les débats sur le traitement cruel des personnes menacées d’exécution. Des batailles juridiques ont éclaté, remettant en cause la moralité et la constitutionnalité de ces approches. Lire le rapport complet ici

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