Evaluation du discours sur la peine de mort à Singapour : Une analyse critique de l’opinion publique et de l’argument dissuasif

Asie

Publié par Coalition mondiale contre la peine de mort, le 27 mars 2024

Alors que le ministère de l’intérieur de Singapour (MHA) maintient une position ferme sur l’efficacité de la peine de mort dans la lutte contre le trafic de stupéfiants à Singapour, l’article présente des éléments suggérant que les méthodologies et les interprétations de ces études pourraient ne pas être aussi substantielles qu’elles ne le pretendent.

Les avantages de la peine de mort pour sauver des vies

Singapour est l’un des rares pays exécuteurs à répondre aux critiques internationales concernant son application de la peine de mort. Le ministère de l’intérieur de Singapour (MHA) affirme que la peine capitale a un effet dissuasif sur les crimes graves tels que le trafic de stupéfiants, et qui permettrait selon lui de « sauver plus de vies ». Cette affirmation est d’autant plus troublante qu’elle est renforcée par le soutien de la population à ces politiques. En effet, selon une enquête sur les attitudes des résidents de Singapour à l’égard de la peine de mort réalisée en 2021, (66 %) des personnes interrogées étaient d’accord avec l’affirmation suivante : « La peine de mort obligatoire est appropriée pour punir… le trafic d’une quantité importante de drogue ». Toutefois, la méthodologie et le cadrage des enquêtes soulèvent des questions quant à l’exactitude de ces résultats. La définition d’une « quantité importante » de drogue et la compréhension de ce terme par le public restent floues, ce qui affecte l’interprétation des résultats de l’enquête. En outre, le niveau de connaissance du public sur la peine de mort varie, ce qui pourrait influencer les réponses à l’enquête.

Réévaluation de la politique relative à la peine de mort

Si les études de la MHA affirment que la croyance en l’effet dissuasif de la peine de mort est largement répandue en dehors de Singapour, la méthodologie et la représentativité des échantillons utilisés sont discutables. Les études ne parviennent pas à fournir des preuves concluantes de l’effet dissuasive de la peine de mort et négligent des facteurs tels que la prise de décision irrationnelle des délinquants et les limites de la recherche empirique sur l’effet dissuasif. En outre, l’examen minutieux des études MHA par Sato souligne l’importance de la transparence et de la responsabilité dans l’élaboration des politiques. La réticence du gouvernement à partager des données brutes anonymes et le fait qu’il s’appuie sur des études menées par le personnel du ministère soulèvent des inquiétudes quant à l’intégrité et à l’impartialité de la recherche. Alors que les enquêtes du MHA indiquent un niveau de soutien public à la peine capitale, l’article affirme que les résultats peuvent être influencés par une connaissance limitée ou des idées fausses sur l’efficacité et l’équité de telles mesures.

En résumé, l’enquête de Sato révèle des divergences et des limites importantes dans la méthodologie, l’interprétation des données et la transparence des recherches menées par le MHA concernant son application de la peine de mort. 

Le rapport complet est disponible ici

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