Elles ne sont plus invisibles : l’ONU met en lumière la réalité des femmes condamnées à mort

Plaidoyer

Publié par Amy Berquist, le 28 novembre 2025

Ce fut l’occasion de marquer la Journée mondiale contre la peine de mort, que The Advocates for Human Rights (The Advocates) et d’autres membres de la Coalition mondiale contre la peine de mort (World Coalition) célèbrent chaque année le 10 octobre. Le 7 octobre 2025, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté une résolution sur la « question de la peine de mort » par 31 voix contre 7, avec 8 abstentions.

Une résolution historique en faveur des femmes condamnées à mort

Le Conseil adopte cette résolution tous les deux ans, mais le texte de 2025 est le premier à reconnaître au plus haut niveau du système international des droits humains le travail accompli par The Advocates et ses partenaires de la Coalition mondiale au cours des quatre dernières années pour mettre en lumière la situation des femmes condamnées à mort.

Depuis 2021, la Coalition mondiale et ses membres ont soumis 45 rapports  sur le genre et la peine de mort au Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). La résolution de 2025 souligne l’impact de ce travail en « notant l’attention croissante accordée [à la peine de mort] dans les travaux les plus récents du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes ».

Amy Bergquist, directrice adjointe du programme de justice internationale de The Advocates, qui a participé aux consultations informelles du Conseil sur la résolution en septembre, observe que « lors des discussions sur ce paragraphe, Singapour s’est opposé, insistant sur le fait qu’il n’y avait aucune preuve que le Comité CEDAW accordait une « attention croissante » à la peine de mort ». 

Le Comité CEDAW avait en fait examiné le bilan de Singapour en matière de droits humains en 2024, et grâce en partie à deux rapports soumis par The Advocates et ses partenaires de la Coalition mondiale, le Anti Death Penalty Asia Network, le Capital Punishment Justice Project et le Transformative Justice Collective basé à Singapour, les experts du Comité ont interrogé la délégation singapourienne sur les pratiques de son pays en matière de peine de mort et leur impact sur les femmes. « Nous avions des preuves », a ajouté Mme Bergquist. « Lorsque j’ai pris la parole lors de la consultation informelle, j’ai rappelé aux délégués du Conseil que non seulement le Comité CEDAW avait soulevé la question avec Singapour, mais qu’il avait également soulevé la question de la peine de mort avec un État examiné 25 fois depuis le lancement par la Coalition mondiale de sa campagne sur le genre et la peine de mort en 2021 », contre seulement deux mentions au cours des cinq années précédentes.

Reconnaissance de la discrimination spécifique à l’égard des femmes et des filles

La résolution de 2025 comprend également, pour la première fois, un paragraphe « exprimant leur préoccupation concernant le type spécifique de discrimination qui affecte la condamnation des femmes et des filles, et rappelant l’importance de leur accès et de leur participation pleine, équitable et significative à la défense ainsi que de leur capacité à demander réparation devant les tribunaux dans les affaires de peine de mort ». Cette formulation est tirée du rapport du Secrétaire général des Nations unies sur la question de la peine de mort, publié en août 2025, qui s’appuie largement sur plusieurs contributions des membres de la Coalition mondiale.

Reconnaissant qu’il est souvent difficile d’obtenir des données précises sur les femmes condamnées à mort, la résolution invite également les États qui maintiennent la peine de mort à publier des informations complètes sur leurs pratiques en matière de peine capitale, « ventilées par sexe » et selon d’autres facteurs.

Une avancée concrète pour la cause abolitionniste

« Non seulement le texte final de la résolution, mais aussi l’ensemble du processus de négociation montrent que nous influençons la politique internationale en matière de droits humains. Le Comité CEDAW a utilisé les informations contenues dans nos rapports pour formuler des recommandations fortes à des pays tels que l’Iran, l’Arabie saoudite et Singapour, et le Secrétaire général s’est appuyé sur nos rapports pour mettre en évidence la dimension sexospécifique de la peine de mort. Les États qui s’opposent fermement à l’abolition, comme Singapour, font l’objet d’une surveillance accrue. La résolution est la preuve concrète que nous faisons bouger les choses », a conclu Mme Bergquist.

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