Un élan renouvelé pour l’abolition : retour sur le 5ᵉ Congrès régional à Tokyo

Asie

Publié par la Coalition mondiale contre la peine de mort, le 11 décembre 2025

Du 7 au 9 novembre 2025, Tokyo a accueilli le 5ᵉCongrès régional sur la peine de mort en Asie de l’Est, organisé par ECPM (Ensemble contre la peine de mort), en partenariat avec le Centre pour les Droits des Prisonniers (CPR), la Fédération japonaise des barreaux (JFBA) et le Réseau asiatique contre la peine de mort (ADPAN).

Plus de 300 participant·es — avocat·es, parlementaires, représentant·es des Nations Unies, ONG et ancien·nes condamné·es — venus du Japon, de Chine, de Corée, de Taïwan, de Mongolie, de Malaisie et d’autres pays, se sont réunis à l’Université Rissho pour un dialogue riche et engagé sur l’avenir de la peine de mort dans la région.

Discussion sur les femmes condamnées à mort en Asie en marge du Congrès

En marge du Congrès, un événement a été organisé par la Coalition mondiale, en collaboration avec le Cornell Center on the Death Penalty Worldwide et CPR Japan, sur la dimension genre et peine de mort. Les discussions ont permis de dresser un panorama de la réalité des femmes condamnées à mort en Asie de l’Est et de mettre en lumière les bonnes pratiques et principaux défis des organisations qui travaillent avec et pour ces femmes. Les participant·es ont échangé sur la reconnaissance des circonstances atténuantes liées au genre, sur l’écoute et la valorisation des récits de vie, tout en tenant compte des ressources limitées. Les bonnes pratiques identifiées incluent la collaboration avec des organisations de défense des droits des femmes, l’inclusion active des personnes ayant une expérience vécue, ainsi que le développement de lignes directrices pour la détermination de la peine prenant en compte la dimension de genre. 

La peine de mort en Asie du Sud Est : entre régression et progrès

Durant le Congrès, il a été annoncé que depuis janvier 2025, quatorze pays en Asie avaient aboli la peine de mort pour tous les crimes, un pays l’avait abolie pour les crimes ordinaires, six étaient sous moratoire et vingt – huit restaient rétentionnistes. L’Asie demeure le continent où le plus grand nombre d’exécutions est effectué, avec la Chine en tête, dont les statistiques restent toutefois confidentielles. En 2024, seules la Chine et la Corée du Nord ont procédé à des exécutions en Asie de l’Est, tandis que Taïwan a repris les exécutions en janvier 2025 après cinq ans d’interruption, et le Japon en juin après trois ans. Cette situation démontre que, malgré des avancées dans certains pays, le recours à la peine de mort reste très présent et opaque dans la région, rendant la coopération et le dialogue international essentiels.

Le Congrès de Tokyo a mis en lumière les visages et histoires derrière ces chiffres. Les débats ont porté sur la transparence, la réforme judiciaire et la coopération régionale ; des enjeux cruciaux pour une région encore très marquée par la peine de mort. Les participant·es ont insisté sur l’importance de construire un discours positif, en valorisant la narration d’histoires humaines pour sensibiliser l’opinion publique, soutenir la santé mentale des défenseur·es des droits, des familles et ancien·nes prisonnier·es, et encourager les initiatives de la jeunesse. Le Congrès a également célébré la relève abolitionniste lors du concours d’éloquence « Comment abolir la peine de mort au Japon ? », remporté par l’étudiante en droit Sorane Sakihama.

Vers le Congrès mondial de 2026

Le Congrès régional de Tokyo constitue une étape stratégique vers le 9 Congrès mondial contre la peine de mort, qui se tiendra à Paris du 30 juin au 2 juillet 2026. Les participant·es repartent avec un plan clair : insister sur la transparence, promouvoir des récits humains et nourrir un réseau interdisciplinaire solide afin de porter la voix abolitionniste jusqu’aux gouvernements et aux institutions.

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