Les Etats-Unis peuvent-ils avancer vers l’abolition sous Obama ?

Abolition

le 20 janvier 2009

Les Etats-Unis ont un nouveau président et les abolitionnistes du monde entier se demandent si l’entrée en fonction de Barack Obama aidera la dernière démocratie occidentale utilisant la peine de mort à changer de direction.
D’un point de vue pratique, la question ne se pose pas vraiment. Le président n’a aucun pouvoir sur la plupart des condamnations à mort prononcées aux Etats-Unis, car elles le sont au niveau de chaque Etat selon des lois fixées par des assemblées locales.
Pendant sa campagne, le candidat Obama a rejeté l’abolition de la peine de mort. « Je pense que le viol d’un jeune enfant de six ou huit ans est un crime haineux. Si un Etat décide que dans des circonstances étroites, limitées et bien définies, la peine de mort peut au moins être potentiellement applicable, cela ne viole pas notre constitution, » a-t-il déclaré pendant un débat télévisé. Une position proche de celles qu’il a défendues comme sénateur (voir la vidéo ci-dessous, en anglais).

Bien que le nouveau président se soit selon certains médias opposé à la peine de mort dans sa jeunesse, il fait face aujourd’hui à une crise économique majeure. Il a insisté sur son message d’« unité » lors des cérémonies d’investiture et il est peu probable qu’il s’engage sur un sujet aussi polémique dans un avenir proche.
Certains membres de son administration, en revanche, pourraient le faire. « Il a choisi Eric Holder, qui a dit ouvertement qu’il s’opposait à la peine de mort, comme attorney general », souligne Elizabeth Zitrin, avocate américaine et militante de l’association Death Penalty Focus, membre de la Coalition mondiale.
A la tête du ministère de la justice, Holder aura sous sa responsabilité les tribunaux chargé des affaires criminelles fédérales, qui peuvent actuellement prononcer des condamnations à mort.

Tendance à la baisse pour la peine de mort aux Etats-Unis

L’administration Obama arrive sur fond de réduction de l’utilisation de la peine de mort aux Etats-Unis l’année passée.
Selon les chiffres du Death Penalty Information Center (DPIC), 37 exécutions ont eu lieu dans le pays en 2008, contre 42 en 2007. Un moratoire de fait est resté en place jusqu’au 16 avril pendant que la Cour suprême examinait la constitutionnalité de la méthode d’injection létale. Il a aidé à la réduction du nombre d’exécutions.
Ce moratoire n’a pas empêché les tribunaux de prononcer des condamnations à mort. Pourtant, leur nombre a également baissé. « En 2008, le DPIC estime à 111 le nombre de condamnations à mort, un nouvelle réduction suivant une tendance à la baisse amorcée au début de la décennie. Au total, le nombre annuel de condamnations à mort a baissé de 60 % depuis les années 1990. Il était alors proche de 300 », détaille le rapport.
Au Texas, où la moitié des exécutions de l’année dernière ont eu lieu, la tuerie a repris très vite après la fin du moratoire. Pourtant, le nombre de condamnations y décroît également. « Cette année, le nombre de nouvelles condamnations à mort a atteint son record le plus bas depuis plus de trente ans puisque les jurés et les procureurs ont préféré opter pour la peine de prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle », constate la Coalition texane pour l’abolition de la peine de mort dans son rapport 2008.
D’autres Etats ont adopté la tendance vers l’abolition. En 2008, une large commission mise en place par l’Etat du Maryland pour y examiner le fonctionnement de la peine de mort a auditionnée des dizaines d’experts et de témoins et reçu d’innombrables contributions écrites.
Son rapport, publié le 12 décembre, prononce l’arrêt de mort de la peine capitale: « Pour éliminer le biais racial et juridictionnel, pour réduire des coûts inutiles, pour réduire la détresse que les procès où la peine de mort est requise inflige aux familles des victimes, pour éliminer le risque qu’un innocent soit condamné, la commission recommande avec force l’abolition de la peine de mort dans le Maryland », conclut-il.

Catégories

Etats-Unis

Plus d'articles