Singapour arrête un écrivain pour un livre sur la peine de mort
Asie
Alan Shadrake, 75 ans, a été arrêté le 18 juillet pendant un séjour à Singapour. Il y présentait le livre Once A Jolly Hangman: Singapore Justice in the Dock (Il fut in joyeux bourreau – la justice singapourienne à la barre). Libéré sous caution le lendemain, il reste poursuivi pour diffamation pénale et outrage aux tribunaux et risque une amende ainsi que deux ans de prison.
Selon l’AFP, la police a interrogé Shadrake sur le contenu de son livre et a saisi son passeport.
Bien que le livre ne soit pas interdit, plusieurs sources indiquent qu’il est introuvable à Singapour. Once a Jolly Hangman contient un portrait de l’ancien bourreau en chef du pays et des critiques sur l’utilisation inéquitable de la peine de mort à Singapour.
« La critique pacifique des politiques gouvernementales ne devrait jamais faire l’objet de poursuites pénales. L’arrestation d’Alan Shadrake illustre la répression de la liberté d’expression à Singapour », estime dans un communiqué le Réseau asiatique anti-peine de mort (ADPAN), dont la Coalition mondiale est membre.
ADPAN ajoute que l’un de ses membres, l’avocat M. Ravi, assure la défense de Shadrake.
Selon Reporters sans Frontières, le journaliste et écrivain est contraint de rester à Singapour jusqu’à son procès, prévu pour le 30 juillet.
La peine de mort est automatique à Singapour en cas de meurtre, trahison et trafic de drogue. Les chiffres sur son application ne sont pas rendus publics et la plupart des condamnations à mort sont prononcées dans des affaires de drogue.
La présomption de culpabilité et l’usage automatique de la peine de mort dans le droit singapourien sont les points les plus problématiques.
Il y a peu de débats publics sur la peine de mort à Singapour, notamment en raison du contrôle étroit qu’exerce le gouvernement sur la presse et la société civile.