Hands Off Cain : l’Asie 1er continent en terme d’exécutions mais plus divisé que jamais

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Publié par Aurélie Plaçais, le 11 août 2011

« L’Asie est responsable de 98,4% des exécutions dans le monde, les trois pays qui ont exécuté le plus de condamnés étant la Chine, l’Iran et la Corée du Nord, trois pays autoritaires où les informations officielles concernant l’utilisation de la peine de mort sont entourées de secret. Cela explique en quoi l’abolition de la peine de mort est liée à la bataille pour la démocratie et l’état de droit », a déclaré Elisabetta Zamparutti, éditrice du rapport.

Top 3 : Chine, Iran et Corée du Nord

S’appuyant sur le nombre de condamnations à mort examinées par la Cour populaire suprême, Hands Off Cain estime qu’environ 5000 exécutions ont eu lieu en Chine en 2010, représentant 85,6% des exécutions au monde.
En 2007, une réforme judiciaire a rendu obligatoire l’examen de toutes les condamnations à mort par la Cour. En 2010, celle-ci a revu 12 086 cas. Pourtant, dans le même temps, la China a aussi réduit le champ d’application de la peine de mort : « Le 25 février 2011, la Chine a supprimé de son code pénal la peine de mort pour 13 crimes non violents et pour les criminels âgés de plus de 75 ans dans un mouvement vu comme symbolique, mais ayant peu de chances de réduire considérablement le nombre d’exécutions. »
Se référant au rapport d’Iran Human Rights, Hands Off Cain confirme que l’Iran a exécuté au moins 546 personnes en 2010. Le rapport souligne également qu’en violation des normes internationales, l’Iran a procédé à des exécutions publiques et que c’est « le seul pays connu qui a exécuté des mineurs au moment des faits qui leur sont reprochés », au moins 2 en 2010 et 3 en 2011.
Conformément aux chiffres d’Amnesty International pour 2010, Hands Off Cain rapporte qu’au moins 60 exécutions ont eu lieu en Corée du Nord. Préoccupé par l’augmentation des exécutions publiques, le rapport indique que « dans le but de resserrer le contrôle sur la société pendant la désignation de l’héritier du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, ce dernier a appelé à des "coups de feu à travers le pays". Kim Jong –Il, son père, avait conduit la même politique lorsqu’il avait pris le pouvoir. »

Des mesures politiques et législatives en vue de l’abolition dans la région

Malgré ces chiffres préoccupants, de nombreuses avancées politiques ont eu lieu dans la région. Pendant la période couverte par le rapport, le gouvernement de la Thaïlande a déclaré qu’il avait l’intention d’abolir la peine de mort, comme annoncé dans son plan pour les droits de l’homme pour les années 2009-2013.
En janvier 2010, le Président de la Mongolie a annoncé un moratoire sur la peine de mort et une loi réduisant le nombre de crimes passibles de la peine de mort de 8 crimes est entrée en vigueur au Vietnam.
Au Tadjikistan, un groupe de travail sur l’abolition de la peine de mort a été créé en avril 2010.
L’Indonésie n’a exécuté aucun condamné depuis 2008 et Hands off Cain explique qu’« il y a eu un changement perceptible dans l’attitude du pays. Peut-être la meilleure explication quant à la réticence de procéder à des exécutions réside dans la décision de la Cour constitutionnelle de 2008, selon laquelle la peine capitale doit être utilisée avec parcimonie et les condamnés à mort doivent avoir la possibilité d’être réhabilités. »
En 2010, pour la sixième année consécutive, l’Inde n’a procédé à aucune exécution. Le 10 février 2010, la Cour suprême a statué que l’incarcération et les facteurs socio-économiques menant à la criminalité sont des considérations pertinentes permettant d’atténuer les condamnations à mort en prison à vie.
En 2010, le président indien Pratibha Devisingh Patil a procédé à 13 commutations et Harm Reduction International a rapporté qu’en 2011, la Haute Cour de Bombay a annulé la peine de mort obligatoire pour les infractions relatives aux drogues.
Plus récemment, en mai 2011, le nouveau Président du Myanmar a commué toutes les condamnations à mort en emprisonnement à vie.
Le Rapport 2011 sur la peine de mort dans le monde entier a été présenté au siège de Hands Off Cain à Rome, le 4 août 2011 avec la présence du ministre des Affaires étrangères italien Franco Frattini et du ministre de l’Éducation, porte-parole du gouvernement tunisien de transition Taïeb Baccouche.

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