Ouvrir le débat dans les pays qui appliquent la peine de mort

Abolition

Publié par Penal Reform International, le 19 septembre 2011

Selon David Daubney, président de PRI, cette conférence est « une opportunité d’inciter les décideurs politiques des pays rétentionnistes à identifier de nouveaux moyens pour harmoniser leurs systèmes de justice pénale avec l’évolution des normes et des valeurs actuelles, qui, de plus en plus, démontrent que la peine de mort n’a pas sa place dans une société civilisée ».
Alors que dans le monde, les deux tiers des États ont aboli la peine de mort en droit ou dans les faits, ceux qui maintiennent la peine de mort ont néanmoins tendance à prendre des mesures pour réduire ou limiter son application, en droit ou dans les faits, et l’on constate une diminution des exécutions.
« La peine de mort viole le droit fondamental à la vie », explique Daubney. « C’est une forme de torture, une peine cruelle et inhumaine. Il est temps pour le monde de supprimer cette punition dure et irrévocable qui n’a qu’un effet limité, voire aucun effet, sur les comportements criminels, et de développer un système de justice pénale plus évolué, s’intéressant véritablement aux causes de la délinquance et de la violence ».
Aux États-Unis, des voix se font également entendre dans ce sens, telle que celle de Brian Stevenson, directeur exécutif de l’ONG américaine Equal justice initiative: « La question que nous devons nous poser n’est pas de savoir si une personne mérite de mourir pour le crime qu’elle a commis mais de savoir si nous avons le droit de tuer cette personne. »
Il ajoute : « Un pays qui envisage d’exécuter une personne alors qu’il existe des doutes sérieux sur son innocence ne devrait pas avoir le droit de tuer. »

Idées préconçues sur la sharia

Les pays arabes sont ceux où l’on exécute le plus dans le monde. En 2010, au moins 378 exécutions y ont été recensées.
« Le printemps arabe a été une opportunité en or pour remettre la question des libertés civiles sur le devant de la scène, et l’attention se tourne maintenant vers différentes réformes du système pénal, notamment l’abolition de la peine de mort », souligne Taghreed Jaber, directeur de PRI pour le Moyen-Orient. « Cette conférence permettra de franchir une étape décisive vers l’abolition, tant dans les pays arabes qu’à l’échelle mondiale ».
Présent à la conférence, un député et universitaire syrien de renom, le Dr Mohamad Al Habach, a parlé des idées préconçues qui entourent la loi islamique et de la véritable place qu’y occupe la peine de mort. « La majorité des États arabes justifient le recours à la peine de mort par un lien explicite avec l’Islam. En réalité, le nombre de crimes punis par la peine de mort est bien supérieur à celui que prévoit la sharia », a-t-il déclaré.
« Le prophète dit qu’une personne qui tue une âme tue toutes les âmes, une personne qui sauve une âme sauve toutes les âmes. Seul Dieu a le pouvoir de donner la vie et la mort. Le Coran prévoit une punition proportionnelle en cas de meurtre, ce qui ne signifie pas nécessairement la mort ».
Ont participé à la conférence des représentants du monde arabe, d’Afrique, des États-Unis, d’Europe de l’Est, d’Asie centrale et du Caucase du Sud, ainsi que des Nations unies, de l’Union européenne, de la Commission africaine pour les droits humains et des peuples, de la Ligue arabe, d’Amnesty International, des ONG Murder Victims Families for Human Rights, et Reprieve.

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