Arabie saoudite : exécution massive de 81 hommes
MENA
Arabie saoudite : la plus grande exécution de masse dans ce pays depuis des années
Le royaume d’Arabie saoudite a exécuté 81 hommes le 12 mars 2022. Tous avaient été condamnés pour un large éventail d’infractions, notamment des crimes liés au » terrorisme « , des meurtres, des vols à main armée et des trafics d’armes. Parmi les personnes mises à mort figuraient sept Yéménites, un Syrien et 73 Saoudiens. Selon Amnesty International, « quarante et une des personnes exécutées samedi appartiennent à la minorité chiite d’Arabie saoudite », une minorité qui est depuis longtemps en désaccord avec le gouvernement en raison de la discrimination dont sont victimes les chiites. Il s’agit de la plus importante exécution de masse dans ce pays depuis des années, ce qui porte le nombre total d’exécutions dans le pays à 100 depuis le début de cette année.
Les membres de la Coalition mondiale et la communauté internationale condamnent les exécutions de masse en Arabie saoudite
Ces exécutions ont suscité des réactions internationales immédiates. Le 14 mars, la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a publié une déclaration indiquant que ces exécutions n’étaient pas conformes « au droit international des droits de l’homme et au droit humanitaire et pouvaient constituer un crime de guerre ». « Je condamne les exécutions massives pratiquées par l’Arabie saoudite », a-t-elle déclaré. La Coalition tunisienne contre la peine de mort a publié un post Facebook dans lequel elle, et plusieurs autres organisations tunisiennes, « condamnent les exécutions de masse en Arabie saoudite et en Égypte, ainsi que la complicité honteuse de l’Occident. »
Amnesty International a déclaré que ces exécutions sont « la dernière démonstration en date de l’utilisation politisée de la peine de mort par l’Arabie saoudite pour faire taire la dissidence dans la province orientale. » En effet, selon Reprieve, bon nombre des personnes exécutées samedi avaient été condamnées à mort pour des délits liés à leur participation à des manifestations. Le 15 mars, Human Rights Watch a publié un communiqué de presse et une vidéo sur leur compte Instagram, indiquant que « les abus amplement répandus et systémiques du système de justice pénale saoudien suggèrent qu’il est hautement improbable qu’aucun de ces hommes n’ait bénéficié d’un procès équitable. »
Les exécutions ont eu lieu alors que le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman était en train de remanier son système judiciaire et de limiter son recours à la peine de mort. Soraya Bauwens, directrice adjointe de Reprieve, a déclaré : « Le monde devrait savoir maintenant que lorsque Mohammed bin Salman promet une réforme, un bain de sang ne peut que suivre. » Reprieve a également coordonné une lettre conjointe envoyée aux pilotes de F1 avant le Grand Prix de Formule 1 saoudien à Djeddah, leur demandant de soutenir le champion Lewis Hamilton qui s’est dit choqué par les exécutions de masse.
Après avoir condamné les exécutions de masse le 13 mars dernier, l’Union européenne a appelé à un moratoire de facto complet, « en tant que première étape vers une abolition formelle et totale de la peine de mort » en Arabie saoudite. Aujourd’hui, malgré un abandon progressif de la peine de mort dans le monde, l’Arabie saoudite reste l’un des 38 pays qui l’appliquent encore.