L’opinion publique en soutien à l’abolition

Asie

Publié par Sarah Saint-Sorny, le 10 juin 2022

La 31ème Session de la Commission sur la Prévention du Crime et la Justice Criminelle de l’ONUDC s’est tenue à Vienne du 16 au 20 mai 2022. A cette occasion, la Japan Federation of Bar Associations a organisé un évènement parallèle : « Abolir la peine de mort : opinion publique et chemin vers l’abolition », qui s’est tenu en ligne le 20 mai. 

L’évènement avait pour objectif de discuter de l’influence de l’opinion publique sur l’abolition de la peine de mort. Teppei Ono, Secrétaire Général du Center for Prisoners’ Rights (CPR), a animé le Webinaire, et Mai Sato, Professeure associée à l’Université de Monash, Robert Dunham, Directeur exécutif du Death Penalty Information Center (DPIC), et Raphaël Chenuil Hazan, Directeur général d’Ensemble Contre la Peine de Mort (ECPM), ont été invités à partager leur expertise. 

Des sondages gouvernementaux biaisés au japon

Mai Sato a expliqué comment l’opinion publique était mesurée et utilisée par le gouvernement Japonais, et comment l’opinion publique pourrait et devrait être mesurée. Grâce à une étude comparative qu’elle a menée sur l’opinion publique au Japon, elle a pu déterminer que les sondages du gouvernement étaient biaisés. Alors que le sondage du gouvernement japonais de 2019 montre que 81% de la population est favorable à la peine de mort quand il lui est demandé si la peine de mort est « inévitable dans certains cas » par exemple, seuls 38% de la population semble être favorable à la peine de mort si la question posée est « Soutenez-vous la peine de mort si l’emprisonnement à vie sans libération conditionnelle est introduit au Japon ? ».

Opinion publique aux Etats-Unis

Robert DUNHAM a fait le même constat que le Dr. Mai SATO concernant les sondages d’opinion publique. Selon lui, quand les Américains se voient poser des questions légèrement différentes, plus concrètes, 60% disent qu’ils choisiraient la prison à vie sans libération conditionnelle plutôt que la peine de mort, mais si on demande simplement s’ils sont favorables à la peine de mort, 54% répondent que oui. Encore une fois, les études comparatives ont montré que la formulation des questions, et la contextualisation, influençaient fortement les résultats.  

L’abolition en France sans considération de l’opinion publique

Raphael Chenuil Hazan a donné l’exemple de l’abolition de la peine de mort en France en 1981, qui s’est faite sans considération de l’opinion publique, alors favorable au maintien de la peine de mort. Il a fait la lecture d’une partie d’un discours de campagne présidentielle donné par le Président nouvellement élu, François Mitterrand, le 16 mars 1981. Il clamait alors la nécessité de l’abolition en France. L’opinion publique était pourtant perçue comme un argument pour le maintien de la peine de mort. 64% des Français y étaient favorable, seuls 28% étaient contre. La peine de mort a tout de même été abolie le 9 octobre 1981.

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