Abolition de la peine de mort : les pays africains examinent l’exemple rwandais

Afrique

Publié par Ne touchez Pas à Caïn, le 22 octobre 2011

La conférence a été organisée par le gouvernement rwandais et Hands off Cain en collaboration avec la Coalition mondiale contre la peine de mort sous l’égide de l’Union africaine et de l’Union européenne.
Les représentants d’environ vingt gouvernements africains ont répondu à l’appel, ainsi que divers militants de la communauté internationale et de nombreuses ONG.
« Au Rwanda, en 1994, la mort était présente à chaque coin de rue », se remémore le ministre de la justice, Tharcisse Karugarama, lors de la cérémonie d’ouverture. « Le seul espoir était de survivre jusqu’au lendemain. Après le génocide, nous n’avions ni juge, ni procureur, ni police, et pourtant nous avons réussi à établir la justice sans avoir recours à la vengeance : qui aurait pu le faire mieux que nous ? C’était une expérience extraordinaire qui nous permet aujourd’hui de vivre en harmonie. Nous avons humilié la mort en refusant de lui livrer la dignité du droit. »  
Le président de la Commission de l’Union africaine, le Gabonais Jean Ping (photo, à g.), a déclaré : « Ce pays, après tant de souffrance, a connu la voie du pardon. En s’inspirant du Gabon, nous n’aurions jamais cru que le Rwanda puisse abolir la peine de mort à son tour. »
M. Ping a ajouté : « Pour protéger la vie, l’état de droit doit être instauré et les citoyens doivent être éduqués à la démocratie. Aujourd’hui l’Union africaine soutient toutes les initiatives d’abolition ou de mise en place d’un moratoire. »
Louis Michel, le co-président de l’assemblée parlementaire ACP-UE, a souligné le fait que le pays qui avait traversé l’enfer a décidé d’organiser des conférences en faveur de l’abolition. « C’est une lutte au sein de tous les peuples contre la barbarie. Les démocraties qui veulent être définie en tant que tel sont embarrassées par l’utilisation continue de cette pratique perverse », a-t-il affirmé à propos de la peine capitale.

Réconcilier la fin de l’impunité et la culture du pardon

Aldo Ajello, le président honoraire de Ne Touchez pas à Caïn, a rappelé la longue lutte de l’association en tant que membre du Parti radical. M. Ajello a également mis l’accent sur le courage démontré en jugeant les coupables de génocide sans avoir recours à la vengeance, réconciliant ainsi la fin de l’impunité et la culture du pardon.
Le président rwandais, Paul Kagame (photo à dr., vidéo ci-dessous), a souligné l’importance du droit à la vie : « Il fut un temps dans notre histoire où certains Rwandais ne bénéficiaient pas des droits fondamentaux, y compris le droit à la vie. Au fil des années, ce déni a abouti à la mort de plus d’un million de personnes au cours du génocide de 1994 », a-t-il déclaré.

M. Kagame a ensuite parlé de l’inutilité absolue de la peine de mort en tant qu’instrument de dissuasion. « Notre expérience nous enseigne que l’abolition a contribué à l’harmonie car le taux de criminalité a baissé. Nous n’avons pas exécuté les coupables du génocide, à la place, nous avons préféré rompre avec le passé et nous n’avons jamais regretté cette décision », a conclu le président rwandais.
La Coalition mondiale était représentée par son secrétaire exécutif Raphaël Chenuil- Hazan (vidéo ci-dessous). Il a abordé la question de la peine de mort et de l’opinion publique en déclarant que pour pouvoir s’acheminer vers l’abolition, le courage politique et l’éducation devaient aller de pair.

Elisabetta Zamparutti, député italien et trésorier de Hands off Cain, a conclu cette conférence de deux jours et a présenté la résolution de Kigali.
Les participants à la conférence ont adopté la résolution à l’unanimité, appelant les pays africains à signer et à apporter leur soutien aux résolutions et traités internationaux sur la peine de mort et au moratoire sur les exécutions. Ils ont également invité les gouvernements à s’engager à transposer leur contenu dans la législation de chaque pays.

Photo: Paul Kagame sur Flickr

Plus d'articles