Immigrés et peine capitale : une illustration du besoin de peines de substitution

Asie

Publié par Think Centre, le 26 avril 2012

Le 21 Mars 2012, un tribunal de Singapour a condamné un cityoen indien, Bijukumar Remadevi Nair Gopinathan, à une sentence de mort automatique pour l’assassinat d’une prostituée philippine.
Des sentences similaires ont été imposées pendant l’année écoulée, principalement pour les travailleurs migrants les moins bien payés. 
Par exemple, un citoyen malaysien âgé de vingt ans, Fabian Adiu Edwin, a été reconnu coupable d’assassinat et condamné à la pendaison en septembre dernier. 
Ce mois-ci, un citoyen chinois âgé de 32 ans a été reconnu coupable et condamné à la peine de mort pour l’assassinat d’un chauffeur de taxi en 2009.
L’organisation membre de la Coalition mondiale Think Centre (TC) ainsi que la Campagne de Singapour contre la peine de mort (SADPC), We believe in Second Chances et l’Organisation humanitaire pour les migrations économiques (HOME) sont opposés à la peine de mort qui a été infligée à ces migrants à Singapour.

S’opposer à la peine de mort pour toute personne et tout les crimes

Bien que les quatre organisations ne nient pas que ces individus ont commis un crime grave et doivent être punis, elles sont opposées à l’application de la peine de mort à toute personne, et pour n’importe quel crime pour les raisons suivantes.

• Le gouvernement de Singapour a fait valoir que la peine de mort est un moyen de dissuasion efficace pour les crimes graves. Cependant, il n’existe aucune preuve fiable, localement ou internationalement, pour démontrer qu’elle est plus efficace que d’autres formes de punition. Se basant sur de nombreuses études, les criminologues conviennent que la peine de mort n’a pas de valeur dissuasive.
• Les causes de la criminalité violente qui affecte toutes les sociétés sont complexes. Ces crimes peuvent être réduits par des forces de police mieux formées et mieux équipées, en réduisant la pauvreté, en améliorant l’éducation et la mise en œuvre des programmes de réhabilitation efficaces. L’exécution d’un criminel donne l’apparence d’une action forte alors qu’en réalité, elle ne contribue guère à expliquer pourquoi les crimes violents sont commis en premier lieu.
• Puisque la peine de mort est irréversible, imposer le châtiment suprême à l’encontre d’un individu réclame que des preuves irréfutables et concluantes soient produites pour justifier son utilisation.
• Le système de justice pénale n’est pas infaillible et aussi longtemps que le pouvoir judiciaire applique la peine de mort, des erreurs seront commises et des personnes innocentes seront tuées. Les juges, les procureurs et officiers de l’enquête sont, après tout, humains.
Par exemple, Chiang Ching Kuo a été injustement condamné à mort en 1997. De nouvelles enquêtes sur ce cas après son exécution n’ont trouvé aucune preuve de la présence de Chiang sur les lieux du crime et ont établi qu’il avait été torturé afin d’obtenir des aveux. Aucun système juridique, aussi évolué soit-il, n’est à l’abri d’erreurs judiciaires.
• L’insuffisance de l’assistance juridique à tous les stades de la procédure judiciaire ou de l’enquête, en particulier lorsque la personne est pauvre et incapable d’engager un bon avocat, ne sont que quelques-unes des circonstances qui peuvent donner lieu à des exécutions d’innocents.
• La réhabilitation, et non la vengeance, doit être le fondement sur lequel le système de justice se construit. En fait, le gouvernement a accepté ce principe dans son soutien et son partenariat avec d’autres organisations de protection des volontaires du projet ruban jaune.

Ruban jaune

L’utilisation continue de la peine de mort ne sert qu’à contredire le message de la campagne du ruban jaune qui a été lancée en 2004 par l’ancien président de Singapour, M. S R. Nathan, et cherche à plaider en faveur d’une société qui accorderait une seconde chance aux ex-délinquants et à leurs familles, qui accepterait et soutiendrait la réhabilitation et la réinsertion des ex-délinquants dans la société.
La peine de mort est un acte de vengeance qui est préjudiciable au développement d’une société civilisée, et humiliant pour nous tous en tant que citoyens.
En décembre 2007, l’Assemblée Générale des Nations Unies a voté par 104 voix contre 54 en faveur d’une résolution sur un moratoire sur les exécutions. Même si cette décision n’est pas juridiquement contraignante pour les États, Singapour ne devrait pas ignorer l’importance politique de cette résolution et la tendance mondiale des États vers l’abolition de l’utilisation de la peine capitale.
Les quatre organisations signataires sont conscientes du fait que la peine de mort est un châtiment cruel, inhumain et dégradant, et réitèrent qu’il ne devrait pas être appliqué, et ce en aucune circonstance.
Nous, en tant que société, devrions adopter un système où la justice est rendue d’une manière juste et humaine. La peine de mort n’est pas acceptable et doit être abolie ou un moratoire appliqué.
Un moratoire donnera une chance de réexaminer à la fois le but de la sanction et l’efficacité perçue, et pourra sauver les vies des condamnés – en particulier les victimes potentielles d’erreurs judiciaires.
Elevons-nous au-dessus de nos instincts de vengeance pour chercher des solutions. Il existe des peines de substitution à la peine de mort et nous ne devrions pas continuer notre pratique de tuer un autre être humain au nom de la justice ou pour le maintien de la paix et la sécurité de notre société.

Liste des signataires
Think Centre (TC)
Campagne contre la peine de Singapour mort (SADPC)
We Believe In Second Chances
Organisation humanitaire pour l’économie des migrations (HOME)

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