Construire un avenir sans peine de mort en Asie
Asie
Le Réseau d’Asie contre la peine de mort (ADPAN – Anti-Death Penalty Asia Network) a tenu sa troisième réunion consultative à Hong Kong du 23 au 25 novembre 2012.
L’objectif principal de la réunion était de discuter de l’avenir de l’ADPAN et des activités et thématiques sur lesquelles se concentrer pour les prochaines années. L’événement a également été l’occasion pour les participants de partager leurs expériences et des bonnes pratiques pour abolir la peine de mort dans la région.
Pour un travail transrégional mené par des Asiatiques en Asie
Louise Vischer, la coordinatrice de l’ADPAN, a parlé de l’évolution du réseau et des progrès réalisés en Asie depuis sa création il y a 6 ans: « La croissance de l’ADPAN a été spectaculaire. De 15 membres en 2006, on compte aujourd’hui plus de 70 membres, qu’ils soient des individus ou des organisations, dans 26 pays. »
Depuis 2006, les progrès accomplis sont significatifs : moins d’exécutions dans la région, un mouvement mené par la société civile de plus en plus important, des barreaux d’avocats qui s’engagent contre la peine de mort (comme en Malaisie et au Japon) et des progrès réalisés dans différents pays.
Par exemple, la Mongolie a adopté un moratoire sur la peine de mort et ratifié le deuxième Protocole facultatif pour l’abolition de la peine de mort. La Chine et le Vietnam ont réduit le nombre de crimes passibles de la peine de mort et la Malaisie et Singapour s’orientent vers la limitation de la peine de mort obligatoire pour trafic de drogue.
Les membres de l’APDAN se sont entendus sur le rôle plus important que le réseau devait jouer dans la région et les discussions sur l’avenir de l’ADPAN ont été particulièrement constructives. Ils ont indiqué clairement que l’ADPAN devait se concentrer sur le partage d’informations, d’expériences et de stratégies, mais avec des références asiatiques, et sur l’organisation d’actions communes pour renforcer le soutien régional et influencer la tendance vers l’abolition de la peine de mort dans la région.
Ils ont également identifié les questions interrégionales où ADPAN pourraient avoir une valeur ajoutée tels que le terrorisme, le trafic de drogue, la peine de mort obligatoire, les procès inéquitables, les religions, les travailleurs migrants, l’assistance juridique et l’ASEAN.
Un débat florissant en Asie
La réunion a eu lieu dans le contexte difficile de la reprise des exécutions au Pakistan et en Inde après une suspension de quatre et huit ans respectivement. Tous les participants étaient conscients des défis qui restent à relever, mais ils restent persuadés que le partage d’expérience dans la région leur permettra plus facilement de changer les choses dans leur pays.
Sinapan Samydorai de Think Centre a parlé du récent débat autour du trafic de drogue à Singapour et de l’influence qu’il pouvait avoir sur la Malaisie. « C’était la première fois qu’il y avait un débat sur la peine de mort au Parlement, et la première fois que quelques membres du Parlement préconisaient l’abolition. Mais le projet de loi a été voté très rapidement pour éviter l’attention des médias et du public », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Les campagnes en Asie sont une question de persévérance et de planification à long terme. »
Ngeow Chow Ying, de la Campagne en Malaisie, a parlé de la stratégie choisie pour commencer la campagne en se concentrant sur un seul cas individuel pour sensibiliser et changer l’opinion publique. «Nous avons commencé la campagne ‘Save Yong Vui Kong’ parce que cette affaire représentait tous les problèmes de la peine de mort en Malaisie, comme celui de l’accès à la justice, en particulier pour les étrangers et les pauvres."
Défis
D’autres ont parlé des défis auxquels ils sont confrontés. Sutharee Wannasiri d’Amnesty International Thaïlande a expliqué que son pays avait adopté l’abolition de la peine de mort dans son plan d’action sur les droits de l’homme en 2009, mais qu’aucune mesure n’avait été prise depuis : « il n’y a pas eu de débat au parlement, et la Thaïlande a rejeté toutes les recommandations pour l’abolition de la peine de mort faites au cours de son examen périodique universel par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies. »
En Chine, avec le manque d’indépendance des juges et des barreaux d’avocats et le contrôle des médias par le gouvernement, il est très difficile pour la société civile de sensibiliser le grand public.
Au total, 41 participants de 19 pays différents ont assisté à la réunion. Il s’agit notamment de représentants d’organisations et de membres individuels d’Australie, du Bangladesh, de Chine, de Hong Kong, d’Inde, d’Indonésie, du Japon, de Malaisie, de Mongolie, du Pakistan, des Philippines, de Singapour, de Corée du Sud, de Taïwan et de Thaïlande.