La condamnation à mort d’une Britannique met des Indonésiens en danger

Asie

Publié par KontraS, le 31 janvier 2013

Nous publions ici un extrait de l’article original en anglais.

Cette semaine, nous avons appris que Lindsay Sandiford, une citoyenne britannique, a été condamnée à mort pour trafic de drogue par une cour de Bali. Le ministère public avait demandé 15 ans de prison, mais le juge a préféré lui appliquer la peine maximale : la mort.
Il y a tout juste un mois, le ministère de la justice a indiqué son intention de procéder à l’exécution de 10 prisonniers en 2013.
La Commission pour les disparus et victimes de violence (KontraS) est profondément préoccupée par la tournure des événements car elle diverge de la politique actuelle du gouvernement qui vise à protéger les citoyens indonésiens à l’étranger.
Ces dernières années, l’Indonésie s’est éloignée de la peine de mort, conformément à la tendance mondiale vers l’abolition. Personne n’a été exécuté ici depuis 2008, et le nombre de nouvelles condamnations à mort semblait décroître chaque année.

Prise de distance avec la peine de mort

Le président Susilo Bambang Yudhoyono a commué au total 19 condamnations à mort sur les 126 demandes de grâce reçues pendant ses deux mandats, et trois commutations ont eu lieu durant la seule année 2012. Le ministre des Affaires étrangères Marty Natalegawa a déclaré que ces grâces participaient d’un mouvement plus large de prise de distance avec la peine de mort.
Cette orientation était également visible dans la politique étrangère. L’année dernière, l’Indonésie a modifié son vote sur le moratoire des Nations unies sur l’utilisation de la peine de mort, passant de l’opposition à l’abstention. Le représentant indonésien a déclaré que le débat public en Indonésie était « en cours, y compris concernant la possibilité d’un moratoire ».
L’orientation stratégique de Yudhoyono reflète les demandes d’une société de plus en plus mondialisée. Environ 6,5 millions d’Indonésiens travaillent à l’étranger, comme ouvriers ou domestiques. Plus de 200 d’entre eux y risquent actuellement la peine de mort, au grand dam de leurs concitoyens restés au pays.

Des émigrés indonésiens menacés d’exécution

Pour répondre à cette indignation, le ministère des Affaires étrangères et le nouveau Groupe de travail sur la protection des travailleurs migrants (Satgas TKI) ont négocié la grâce de 110 citoyens indonésiens en 2012, selon un communiqué du ministère l’année dernière. Satgas TKI a déclaré qu’il avait joué un rôle-clé dans la commutation des peines de mort de 37 travailleurs en Arabie saoudite, 14 en Malaisie, 11 en Chine et un en Iran.
La décision de la cour de Bali cette semaine provoque un violent contraste avec la politique affichée et conduite par l’Indonésie sur la peine de mort. Elle affaiblit les récents succès de Satgas TKI et place des millions d’Indonésiens qui travaillent à l’étranger face au risque d’une exécution. L’affaire Sandiford a fait l’objet d’une attention internationale soutenue, potentiellement porteuse de conséquences négatives pour l’image internationale de l’Indonésie.
Plus des deux tiers des pays du monde ont aboli la peine capitale. Il est temps pour l’Indonésie de prendre la tête des puissances émergentes en abolissant la peine de mort pour de bon.

Une autre organisation membre de la Coalition mondiale, Reprieve, donne plus de détails sur l’affaire Lindsay Sandiford sur son site internet en anglais.

Photo : Lindsay Sandiford (à droite) avec sa sœur
(
www.lindsaysandifordbalideathappeal.com)

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