L’Organisation des États américains envisage un moratoire

Abolition

Publié par Tiziana Trotta, le 15 mars 2013

La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), l’organe de l’Organisation des États américains (OEA) chargé de la promotion et de la protection des droits de l’homme sur le continent, met la question de l’abolition de la peine de mort à l’ordre du jour.
Lors de sa dernière audience, le 11 mars, cette pratique a été au centre d’un vif débat, qui a ouvert la possibilité d’étudier une résolution au niveau régional pour un moratoire sur les exécutions. La proposition, lancée par le représentant de la Mission permanente du Mexique au sein de l’Organisation, Joel Antonio Hernández García, a trouvé un large soutien auprès des délégués des autres pays présents à la réunion.
Les pays membres comme le Costa Rica, l’Équateur, le Mexique, le Panama, l’Argentine, le Brésil, la République Dominicaine et la France, qui a le statut d’observateur, ont évalué l’importance de maintenir la question de la peine de mort au centre de l’action de l’OEA afin favoriser la poursuite des progrès observés sur le chemin de l’abolition ces dernières années.
Bien que le nombre total de pays qui appliquent la peine de mort diminue progressivement, la situation dans les Amériques suscite encore des inquiétudes, notamment dans les Caraïbes. Cuba, le Guatemala, le Surinam et les Etats-Unis maintiennent l’application de la peine capitale.
Ce n’est pas un hasard si en 2013, la Journée mondiale contre la peine de mort, célébrée chaque année le 10 octobre, mettra l’accent sur les Caraïbes.
Alors que la plupart des pays de la région ont aboli la peine de mort ou la maintiennent exclusivement dans des cas exceptionnels, les États-Unis restent le seul pays du continent à procéder à des exécutions, même si c’est une tendance en baisse.
Cuba affirme que sa dernière exécution a eu lieu il y a dix ans. Toutefois, la peine de mort est toujours en vigueur dans la législation de l’île.

“Maintenir un dialogue constructif”

Carmelo Campos Cruz, de la Coalition portoricaine contre la peine de mort, souligne l’importance d’un débat national dans les pays rétentionnistes tout en promouvant une résolution à l’OEA pour le moratoire sur les exécutions. « L’engagement des pays de l’hémisphère va certainement aider à maintenir un dialogue constructif avec les États qui maintiennent la peine de mort », affirme-t-il.
L’OEA prévient que la stratégie de lutte devant les tribunaux ne suffit pas, comme dans le cas de Trinité-et-Tobago, où la peine de mort est toujours en vigueur et bénéficie d’un fort soutien de l’opinion publique. L’organisation invite les dirigeants politiques à prendre leurs responsabilités, même si c’est par le biais de décisions impopulaires, et recommande l’adoption de stratégies plus larges, qui tiennent compte également de la société civile.
Rose-Marie Belle Antoine, commissaire de Trinité-et-Tobago, a critiqué l’attitude des organisations internationales qui interpellent les gouvernements des pays qui maintiennent la peine de mort, au lieu d’utiliser une approche globale fondée sur la persuasion et l’éducation.
Campos, dont le pays, Porto Rico, a aboli la peine de mort mais reste soumis à la loi fédérale américaine, partage la vision de la représentante trinidadienne. « Ces propositions sont en harmonie avec la vision de la coalition Grande Caraïbe pour la vie, qui cherche à établir un dialogue dans la région comme une stratégie visant à renforcer le mouvement abolitionniste et l’éventuelle disparition de la peine de mort dans les Amériques », explique-t-il.

Photo : Commission interaméricaine des droits de l’homme

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