Les gouvernements et la société civile d’Afrique de l’Ouest débattent de la peine de mort à Freetown

Afrique

Publié par Ne Touchez pas à Caïn, le 16 janvier 2014

Dès le premier jour, les discours d’ouverture d’Abdul Rahim Kamara, directeur de l’ONG Manifesto 99, et de la trésorière de Ne touchez pas à Caïn, Elisabetta Zamparutti, ont placé l’événement sous le signe de la tolérance et de la non-violence comme alternatives à la logique de rétribution et de violence inhérente à la peine de mort.
Charles Caulker, président du Conseil des chefs suprêmes de Sierra Leone, a déclaré que « les traditions africaines précoloniales ne prévoyaient pas la peine de mort », qui est « empreinte de pessimisme au sujet de l’être humain ». Au contraire, les gens peuvent changer, a affirmé le président du Bénin, Thomas Boni Yayi, dans son message à la conférence.
Dans sa déclaration, la ministre des Affaires étrangères italienne Emma Bonino a appelé au renforcement de la résolution des Nations unies pour un moratoire sur les exécutions lors de l’Assemblée générale de 2014 et à « se libérer de l’héritage colonial de la peine de mort ».
Les ministres des Affaires étrangères et de la Justice de Sierra Leone, Samura Kamara et Frank Kargbo, ont transmis les salutations du président Ernest Bai Koroma et renouvelé leur engagement à travailler pour l’abolition, à commencer par le processus en cours de révision constitutionnelle.
Le parlementaire britannique Mark Pritchard, membre de Parliamentarians for Global Action, a présenté à la conférence son projet de « plateforme parlementaire mondiale contre la peine de mort ».
La session sur « La peine de mort et l’État de droit » a été animée par le sénateur italien Marco Perduca, vice-président du Parti radical et membre du bureau de Ne touchez pas à Caïn.

Succès et revers

Elle a vue le ministre des Affaires étrangères béninois Nassirou Bako Arifari, l’abolitionniste historique et ministre de la justice nigérien Marou Amadou, le vice-ministre de la Justice rwandais Pascal Bizima Rugnanintwali et des représentants des ministères de la Justice du Mali et du Togo partager leur expérience des succès et des revers rencontrés sur leur route commune vers l’abolition de la peine capitale.
La directrice de la Coalition mondiale, Maria Donatelli, s’est jointe à des parlementaires et à des représentants d’ONG du Liberia, du Burkina Faso, du Niger, du Mali, de Guinée et du Ghana lors de la session sur « La peine de mort et l’opinion publique ».
Deux autres sessions animées par Alieu Kanu, ambassadeur de Sierra Leone à l’ONU, et le professeur de droit américain Speedy Rice ont abordé la révision constitutionnelle en cours dans le pays et les progrès vers l’adoption du projet de Protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif à l’abolition de la peine de mort.
Après deux jours de travaux intenses, la conférence de Freetown a adopté une déclaration finale dans laquelle les participants demandent à tous les États africains de finaliser le Protocole additionnel.
Les participants appellent également les États à mettre leur législation interne en conformité avec les principes de ce nouveau Protocole et à s’inspirer des principes d’une justice réparatrice qui prend en compte la situation des victimes et favorise des réconciliations nationales pacifiques.
Ils encouragent enfin les États à cosigner et à soutenir la résolution appelant à un moratoire universel sur les exécutions lors de l’Assemblée générale des Nations unies de 2014, et à organiser une autre conférence continentale pour s’y préparer avant le vote à l’ONU, éventuellement au Bénin.

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