Si je n’accepte pas qu’un terroriste me tue, je n’accepte pas non plus de tuer un terroriste
Journée mondiale
Coalition mondiale : Quelle est votre expérience dans l’activisme contre la peine de mort?
Khatchig Ghosn : Durant mes études universitaires, j’ai effectué un stage à l’Association Justice et Miséricorde (AJEM) pour quatre mois. C’est une association qui fait des interventions dans les prisons au Liban et elle accueille des personnes qui ont été incarcérées mais qui n’ont ni une famille, ni un emploi. Ils viennent dans ce site pour développer des compétences. Cette association lutte beaucoup contre la peine de mort, c’est la première qui a fait des interventions, des marches et des manifestations pour lutter contre la peine de mort, c’est elle qui a modifié mon point de vue envers ce dilemme. Je pense qu’ils existent plusieurs facteurs qui poussent une personne vers un crime.
CM : Comment a changé votre perspective par rapport à la peine de mort après ce stage?
KG : Avant mon stage chez AJEM, j’étais pour la peine de mort. Je trouvais que c’est juste de tuer une personne qui a tué une autre. Ce stage m’a rendu plus mature et plus conscient, surtout après ma visite à la prison centrale de Liban. J’ai découvert que les prisonniers vivent dans des conditions défavorisées. Après avoir discuté avec quelques prisonniers et des ex-prisonniers, j’ai découvert qu’ils avaient des problèmes au niveau social, psychologique, économique et relationnel. Ils ont besoin d’une réhabilitation efficace.
CM : Est-ce que pourriez vous me donner un aperçu sur la lutte contre ce châtiment au Liban actuellement?
KG : Malheureusement, au Liban les démarches sont timides car ça fait trois ans qu’on a pas un président et deux ans qu’on souffre de la crise des déchets, donc les gens s’orientent vers ces problèmes.
CM : Aucune exécution capitale a été enregistré depuis 2004, mais le Liban peine à abolir la peine de mort. Pourquoi?
KG : Je pense que la situation changera mais pas dans le future proche, à cause des conflits internes entre les politiciens, qui ne se mettent pas d’accord pour trouver des solutions concrètes pour les problèmes que le Liban fait face.
CM : Est-ce que vous croyez que la société libanaise a changé d’avis par rapport à l’application de la peine de mort dans les dernières années?
KG : Je pense que la société fait de son mieux pour sensibiliser les gens sur l’abolition de la peine de mort, mais je ne vois pas des changements.
CM : La 14e journée mondiale contre la peine de mort qui vient de se célébrer était dédiée au terrorisme. Est-ce que vous pensez que la peine de mort peut avoir un effet dissuasif?
KG : Je ne pense pas qu’il existe une relation entre les deux, car les personnes qui sont derrière le lavage des cerveaux qui sont des agents de recrutement utilisent des moyens intelligents pour attirer les jeunes vers le terrorisme. Déjà la personne pense que mourir est une bonne chose.
Je ne pense pas que la société va réagir négativement contre ce sujet, puisque le Liban a été touché plusieurs fois par le terrorisme. C’est un peu bizarre pour la société d’accepter facilement cette idée.
CM : Par rapport à votre expérience, qu’est-ce que vous pensez de l’application de la peine de mort aux terroristes et pour quoi?
KG : Je suis contre la peine de mort généralement. Si je n’accepte pas qu’un terroriste me tue, je n’accepte pas non plus de tuer un terroriste. Je pense que les terroristes ont besoin de réhabilitation plutôt qu’une exécution.