12 ans sans exécution: le Zimbabwe est-il prêt pour l’abolition?
Afrique
La peine de mort au Zimbabwe est un sujet de discorde. Afin de procéder à cette investigation concernant l’opinion publique sur la peine de mort, une enquête a été menée sur un échantillon représentatif de la population avec 1200 Zimbabwéens.
Le soutien à la peine de mort est relativement faible.
61% des Zimbabwéens sont favorables au maintien de la peine de mort (41% pensent qu’elle devrait être " définitivement " maintenue et 20% qu’elle devrait " probablement " être maintenue). Face à une série de cas précis, une majorité de Zimbabwéens ont rejeté l’application de la peine de mort dans cinq cas sur six.
Si la majorité des Zimbabwéens se sont prononcés en faveur de la peine de mort, ce pourcentage est bien inférieur à ce que l’on peut attendre d’un pays qui maintient la peine de mort. En comparaison, une enquête menée à Trinidad en 2011 a révélé que 89% du public était favorable au maintien de la peine de mort. En outre, la réticence des Zimbabwéens à imposer la peine de mort dans différents cas où la peine de mort pourrait être appliquée suggère que l’appui à la peine capitale peut être beaucoup plus faible dans la pratique.
Le soutien en faveur de la peine de mort n’est pas enraciné.
92% des Zimbabwéens considèrent que les politiques de « peines alternatives » sont les plus efficaces pour réduire la criminalité violente.
80% des Zimbabwéens qui ont exprimé leur soutien à la peine de mort seraient prêts à accepter l’abolition si elle devenait une pratique gouvernementale.
Les résultats suggèrent que la peine de mort n’est pas une question qui préoccupe particulièrement les Zimbabwéens et que, si le gouvernement devait l’abolir, cette décision serait largement acceptée.
Les connaissances du public sur la peine de mort sont limitées.
83 % ignoraient que le Zimbabwe n’a procédé à aucune exécution au cours de la dernière décennie.
45% ne savaient pas que la méthode d’exécution au Zimbabwe est la pendaison.
Les personnes interrogées étaient généralement mal informées de l’application de la peine de mort au Zimbabwe et leurs opinions étaient donc fondées sur une connaissance incomplète de la question.
La recherche fournit des données essentielles pour aiguiller les décideurs politiques zimbabwéens – en particulier ceux qui souhaitent abolir la peine capitale mais qui sont confrontés au dilemme d’un soutien public apparemment fort en faveur de la peine de mort.
Dr Mai Sato de l’Université de Reading et auteur du rapport, précise :
« Le rapport se concentre sur l’évolution de l’opinion publique au-delà d’une question binaire d’abolition ou de maintien de la peine de mort et sur la façon dont les Zimbabwéens comprennent réellement à ce sujet. Certaines des conclusions les plus convaincantes du rapport concernent le nombre de Zimbabwéens qui n’ont pas réalisé que le pays n’a procédé à aucune exécution depuis plus de 12 ans. De même, plus de neuf personnes sur dix que nous avons interrogées estimaient que des alternatives à la peine de mort seraient les plus efficaces pour réduire les crimes violents dans leur pays ».
Parvais Jabbar, codirecteur exécutif de The Death Penalty Project, déclare :
« Cette recherche éclairante arrive à un moment opportun pour le Zimbabwe. Par le passé, le président Emmerson Mnangagwa a publiquement appelé à l’abolition de la peine de mort. Les résultats devraient servir à assurer aux décideurs politiques que l’opinion publique n’est pas un obstacle à l’abolition au Zimbabwe. Nous espérons qu’il encouragera tous les gouvernements des pays qui maintiennent la peine de mort à remettre en question leurs hypothèses sur l’attitude du public ».