7ème Congrès – Les nouveaux enjeux du mouvement abolitionniste

Congrès mondial

Publié par Louis Linel, le 5 mars 2019

Réunis pendant 3 jours à Bruxelles à l’occasion du 7ème Congrès mondial contre la peine de mort, les abolitionnistes du monde entier ont partagé leurs expériences pour consolider le mouvement en faveur du droit à la vie. Une initiative décisive à l’heure où une minorité de pays maintiennent leur usage de la peine de mort voire songent à y avoir à nouveau recours.

De nouvelles stratégies et de nouveaux acteurs pour un seul objectif : l’abolition universelle de la peine de mort

Le Congrès a servi de vitrine aux principales initiatives des entreprises privées soucieuses des engagements de leurs consommateur. Leurs champs d’actions constituent des inspirations originales pour le mouvement abolitionniste : refuser de fournir à l’administration pénitentiaires les produits utilisés lors des injections léthales, financer des sociétés philanthropiques (Virgin Unite) ou mettre à disposition leur capacité à conduire des campagnes pour lever des fonds. Du 15 au 25 mai 2017, Lush Comestics a ainsi mis en vente des bombes de bain dont les profits étaient intégralement reversés à des organisations abolitionnistes, pour un total de près de 150.000$.

Au côté des acteurs désormais classiques de l’abolition (journalistes, avocats, juges, responsables politiques), l’accent a également été mis sur la nécessité d’impliquer la jeunesse afin de lui (re)donner la parole et infléchir la position d’une opinion politique plus conservatrice.

Faire le lien entre les mouvements abolitionniste et féministe

Le Congrès a permis de mettre en avant la question des discriminations de genre, encore souvent exclues des préoccupations des avocats, des universitaires voire des militants. Les travaux de l’école de droit de Cornell, représentée par sa directrice Delphine Lourtau, mettent en avant les biais de genre dont souffre les femmes condamnées à mort. Leur rapport, intitulé « Jugées pour plus que leur crime », disponible en ligne, montre que les femmes condamnées à mort constituent une population invisible, victimes d’abus de la part de leur conjoint, de prostitution ou de mariage forcés, sans que ces circonstances ne soit appréciées par les juges lors des délibérés, tandis que leur prétendue qualité de « mauvaise mère » ou de « mauvaise épouse » sont exacerbées.

Le séminaire a donné lieu à un intense débat sur l’alliance des mouvements abolitionniste et féministe : faut-il considérer que la détention des femmes est différente de celle des hommes et agir à partir des différences identifiées, ou considérer une action universelle sans distinction arbitraire des sexes ? Parmi les options de plaidoyer explorées : convoquer des visites des établissements pénitentiaires ou solliciter l’appui de ONU femmes.

Le Congrès, riche en témoignages, a été à l’image du mouvement abolitionniste : soucieux d’impliquer toutes les opinions en faveur des droits humains et soucieux de se réoxygéner sans cesse.

 

Crédits photos : Harm Reduction International

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