Une visite à Taiwan suscite l’espoir des abolitionnistes locaux
Asie
À la demande de la Coalition taïwanaise pour l’abolition de la peine de mort (TAEDP), la Coalition mondiale et le Réseau asiatique contre la peine de mort ont envoyé une délégation à Taipei en juin. Le professeur de droit américain Speedy Rice, qui a fait le voyage aux côtés de l’avocate japonaise Maiko Tagusari et du chercheur d’Amnesty International Mark Allison, s’est félicité d’une visite “constructive”.
Selon lui, de nombreux éléments positifs permettent de soutenir le mouvement en faveur de l’abolition. Le nouveau président de Taïwan, Ma Ying-Jeou, n’a pas signé un seul ordre d’exécution lorsqu’il était ministre de la justice dans les années 90. La ministre de la justice actuelle est, pour sa part, une ancienne défenseure des droits de l’homme opposée à la peine de mort. Aucune exécution n’a été déplorée à Taïwan au cours des deux dernières années.
La visite de la Coalition visait à souligner cet état de fait et à susciter “une volonté politique en faveur de l’abolition”, pour reprendre les termes de Speedy Rice. Les membres de la Coalition mondiale voulaient relancer les idées abolitionnistes auprès des dirigeants taïwanais, qui restent prudents au regard des réactions de l’opinion publique: “Beaucoup de personnes ont de fortes convictions en faveur de l’abolition de la peine de mort”, a déclaré le président Ma lors d’une rencontre avec la délégation, (photo) ajoutant: “Cependant, il est important d’atteindre un consensus social sur ce point.” Selon les enquêtes d’opinion, 77% de la population soutiennent la peine capitale.
Abolir la peine de mort pour les crimes non-violents
La délégation a également rencontré le président du conseil constitutionnel Lai In-Jaw et le vice-président du conseil législatif Tseng Yung-Chuan.
“Nous avons discuté des moyens de réduire l’application de la peine de mort et la possibilité de l’abolir pour les crimes non-violents”, a rapporté M. Rice. Il a reçu l’assurance que la proposition serait bientôt soumise aux législateurs.
La délégation de la Coalition mondiale a également discuté avec le Barreau de Taipei, qui s’est montré intéressé pour nouer des liens avec la communauté abolitionniste internationale. Plusieurs membres de la Coalition étudient donc actuellement la possibilité de mettre en place des programmes d’échanges et des sessions de formation au bénéfice des avocats pénalistes taïwanais.
“Bien que les officiels taïwanais n’aient pas établi de plan concret en direction d’un moratoire, tous les officiels ont répondu positivement aux demandes de la délégation”, s’est félicité Lin Hsin-Yi, directeur exécutif de la Coalition taïwanaise pour l’abolition de la peine de mort, qui a ajouté: “La mission s’est révélé un excellent moyen, pour la TAEDP, de poursuivre son lobbying en vue d’abolir la peine de mort avec le nouveau gouvernement.”